Je me suis engagé sur le film sans trop me renseigner et du coup en m'attendant à un thriller américain de consommation courante. Matt Damon en tête d'affiche dans un truc remuant pour le repositionner dans son succès de Jason Bourne. Et puis surprise, l'action se géolocalise rapidement à Marseille. Un cadre plutôt inattendu dans le cinéma US (sorti de The French Connection) et surtout la ville, oh surprise, n'est absolument pas filmée comme une carte postale, comme les américains adorent le faire, mais dans un souci de réalisme contemporain surprenant. Arrive Camille Cottin, se noue une relation avec Bill, le père brut de décoffrage en quête de paternité et là, dans les situations, rapidement je me suis demandé si on était dans un film hollywoodien ou dans un drame français plus centré sur la finesse de l'étude sociale. Il y a une confrontation entre deux mondes, une bobo et un prolo conservateur qui aurait probablement voté Trump s'il avait pu, mais aussi un curieux mariage entre deux cultures parfaitement intégré à l'écran. Comment ce miracle est-il possible? L'explication est au générique, des scénaristes américains (Tom McCarthy également à la réalisation) et français (Thomas Bidegain). La superbe idée qui n'a rien du mariage de la carpe avec le lapin qui aboutit en fait pratiquement à un (bon) film de Jacques Audiard (avec qui Bidegain a déjà collaboré à de multiples reprises).


Si rapidement l'intrigue codée action investigation passe au second plan (et est d'ailleurs un peu expédiée dans sa résolution judiciaire), c'est pour faire place à un dispositif plus captivant qui est le choc de deux cultures et de classes, de deux idéologies à priori peu conciliables et de parvenir à démontrer sans aucun angélisme que oui, des gens que tout oppose dans leurs convictions et leurs certitudes, peuvent néanmoins par leur vécu commun, s'enrichir. Une leçon que je ne pensais pas recevoir dans ce film et qui m'a été assénée avec une adresse peu commune ces temps-ci. C'est ce genre de film qui vous laisse au générique avec une petite pointe de frustration parfaitement calibrée et dans lequel vous auriez bien souhaité vous éterniser quelques minutes de plus alors que l'essentiel a de toute façon été dit.

PETSSSsss
9
Écrit par

Créée

le 21 août 2021

Critique lue 7.6K fois

48 j'aime

14 commentaires

PETSSSsss

Écrit par

Critique lue 7.6K fois

48
14

D'autres avis sur Stillwater

Stillwater
PETSSSsss
9

Cueilli comme une pomme

Je me suis engagé sur le film sans trop me renseigner et du coup en m'attendant à un thriller américain de consommation courante. Matt Damon en tête d'affiche dans un truc remuant pour le...

le 21 août 2021

48 j'aime

14

Stillwater
MalevolentReviews
7

French Connection

Dans la vie rien n'est gratuit, sauf la violence évidemment. Un bon vieux natif de l'Oklahoma nourri aux burgers et aux valeurs de la bannière étoilée, ouvrier volontaire et fervent croyant à table,...

le 9 août 2021

32 j'aime

2

Stillwater
limma
5

Critique de Stillwater par limma

Matt Damon n'hésite pas à aller dans des projets ou de simples rôles secondaires qui s'éloigne de celui si connu de Jason Bourne, prouvant aisément son amour du cinéma. Il s'affiche ici comme le...

le 20 août 2021

24 j'aime

8

Du même critique

Y, le dernier homme
PETSSSsss
3

Où sont les hommes?

Sur le coup, le fait de virer de la planète tous les mecs de pour n'en conserver qu'un (fragile) et laisser les nanas gérer le truc me paraissait plus audacieux que de voir des milliers de gars se...

le 6 oct. 2021

5 j'aime

Lamb
PETSSSsss
5

Projet gigogne

Si je comprends aisément la morale du film, soit cette difficulté pour accéder à un bonheur simple et harmonieux, le procédé pour y parvenir me parait au mieux bancal, quand bien même le mélange des...

le 2 nov. 2021

3 j'aime

Belfast
PETSSSsss
6

Irish Roma

Branagh fait son Roma et pas seulement à cause du noir et blanc ultra esthétisé. Retour dans l'enfance, même âge, même période mouvante traitée. Même positionnement avec la perception historique...

le 11 déc. 2021

2 j'aime