Strange Days
7.1
Strange Days

Film de Kathryn Bigelow (1995)

J'aime bien Bigelow ; j'aime bien Fiennes ; j'aime bien Cameron ; j'aime bien Lewis ; j'aime bien quand ça parle de ce genre de technologie ; j'aime bien les futurs pas trop éloignés ni trop différents de notre présent. Autant dire que tous les ingrédients étaient là pour me procurer un plaisir intense. Le truc, c'est qu'un film dépend de bien plus que tous ces éléments : une intrigue solide, c'est vraiment ce qu'il manque à ce film.

Le film est terriblement long. Je m'attendais donc à ce que ce soit dense. En fait non, on digresse beaucoup pour ne rien raconter. Pire, on passe énormément de temps à écouter les personnages répéter les mêmes phrases ou bien réexpliquer pour troisième fois ce qu'on vient de voir à l'image. C'est une curieuse méthode, surtout qu'en contre point, plein d'incohérences sont quant à elles pas du tout expliquées. Puis, les films où on cache le visage du tueur et où le héros essaie doit trouver qui c'est, c'est rarement convainquant. Dans "Strange days", on dirait qu'ils ont décidé du vrai tueur au dernier moment, s'en suit donc une justification des plus obscures. C'est dommage parce qu'il y avait vraiment plein de bonnes idées, mais toute la question du virtuel est assez superficiellement traitée au final. De même que le rapport avec l'an 2000 pas si pertinent que ça (on est loin du succès de la fête foraine dans "Chute libre"). Aussi, les personnages manquent de couleurs, faut dire qu'on n'a pas le temps de les approfondir vu tout le temps perdu à les faire radoter. En fait, il aurait été plus logique que l'intrigue se déroule dans une maison de retraite plutôt que dans des fêtes à l'aube de l'an 2000. Notons également que pour un script de Cameron c'est quand même vachement sombre et glauque par moment. Cela ne m'étonne pas qu'il ait laissé son amoureuse mettre ça en scène.

Côté mise en scène, y a de bonnes choses, de bons plans et une utilisation toujours sympathique par la réalisatrice des plans séquences en P.O.V. même si on est loin de l'efficacité de "Point Break". Malgré tout, Bigelow peine à donner forme à certaines scènes tant elle est préoccupée par ses longs champs contre champs explicatifs de ce qu'on vient de voir. Ainsi, certaines scènes s'avèrent bâclées. Pas toutes, heureusement. En plus il faut tout de même signaler que, même si l'esthétique sent les 90's à plein nez, il y a des effets de montage qui annonce la décennie suivante (Bigelow avant-gardiste, dingue !) Le casting, finalement, n'est pas super convainquant. À part Lewis parce que, bien qu'un peu trop mince à mon goût, elle est à moitié à poil, et reste un objet de fantasme encore aujourd'hui malgré les années qui passent (cette bouche!). Fiennes, je l'aime bien, mais il a du mal à insuffler ce qu'il faut de virilité à son personnage. Sizemore, je l'ai jamais particulièrement apprécié, il est juste bon au rôle de flic en second plan dans des séries télé. Mais lorsqu'il met une perruque comme ici, il parvient à attirer l'attention. Quelle idée grotesque. Je ne sais pas pourquoi, mais ça passe rarement les acteurs qui portent ce genre de moumoutte dans un film. Bon ce n'est pas aussi drôle que la fois où Sly l'a fait, mais ça reste bien rigolo quand même.

Bref, une réelle déception : au fil des minutes mon enthousiasme n'a eu de cesse de baiser. Le coup dur fut vraiment les révélations finales qui m'ont fait baisser la note de 6 à 4... Triste monde ! Une question subsiste malgré tout : je me demande quelle était l'influence de Cameron sur Bigelow lors du tournage.


PS : mince, Schwarzzie était censé jouer dans le film ! Il aurait amené la virilité nécessaire et le second degré aussi pour qu'on puisse se marrer un peu plus !
Fatpooper
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le 6 juil. 2014

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