Je continue de découvrir petit à petit l'univers de Jim Jarmusch et après avoir adoré Broken Flowers et aimé Dead Man, je m'attaque au second long-métrage du cinéaste, Stranger Than Paradise, succession de trois parties dont la première était un court-métrage.

Une fois encore, il existe un univers vraiment propre à Jarmusch. Dès le début, l'homme savait ce qu'il faisait dans la création de son ambiance bien à lui, de l'utilisation du noir et blanc, de la manière de découper un film, en parties très distinctes. C'est d'ailleurs un des reproches que je peux faire à Jarmusch qui se montre finalement un piètre monteur. En effet, à force de découper toujours ses films de la même façon (de ce que j'ai vu Dead Man était monté de la même façon), il n'y a plus vraiment de surprise et on se sent rapidement lassé par une telle façon de monter. On devine aisément les grandes lignes du film. Bref, c'est quelque chose propre à Jarmusch, mais qui finit rapidement par me lasser.

Pour le reste, la division du film en trois se compose d'une première partie intitulée "The New World" et pour lequel le héros Willie reçoit bien malgré lui pendant dix jours une cousine arrivant tout droit de Hongrie. C'est le choc des cultures puisque Willie a totalement renié ses origines et on découvre deux personnes en totale contradiction sur énormément de choses. Une jeune femme qui découvre une facette plutôt sombre du nouveau monde, d'un mode de vie qui n'est pas en équation avec ce qu'elle a connu en Hongrie.

La seconde partie, intitulée "One Year Later", est les retrouvailles entre Willie et sa cousine Eva un an après l'arrivée de la jeune fille à Cleveland. Le lieu est froid et enneigé de partout et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il n'y a pas grand chose à faire dans cette ville. Une fois encore, on a là une image tronquée pour les immigrants qui s'imaginent vivre une vie plus intéressantes aux Etats-Unis, ce n'est pas le cas.

La dernière partie, "Paradise", est celle où Eva, Willie et Eddie, un ami, se rendent en Floride. Mais là aussi, cela ne se passe pas vraiment comme prévu et les problèmes d'argent les rattrape. L'oeuvre contient toujours une forme de mélancolie du pays qu'on a finalement laissé derrière soi. Les trois amis se séparent malgré tout. Eddie retourne sur New York, la jeune femme reste en Floride tandis que Willie, qui reniait pourtant ses origines, retourne en Hongrie.

L'oeuvre est assez intéressante sur la place de l'homme dans une nouvelle culture, les désillusions qui peuvent en découler. C'est un film sur lequel on peut dire que chacun se doit de garder ce qui l'a construit, culturellement, tout en en essayant d'intégrer la nouvelle culture dans laquelle il évolue. Je regrette également que certaines séquences soient un peu trop longues. Pour le reste, c'est un film intéressant de Jarmusch, fidèle au style qu'il se bâtira au fil des années de carrière.
batman1985
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le 20 oct. 2012

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