Après What you don’t see, Wolfgang Fischer repasse derrière la caméra pour Styx avec, en tête d’affiche, Susanne Wolff. Cette dernière a une carrière plutôt discrète à l’international, mais est prolifique en terre germanique, notamment sur le petit écran.


Nous suivons le périple en plein océan de cette médecin-urgentiste décidée à descendre en voilier jusqu’à l’île de l’Ascension.


L’auteur prend le temps de nous habituer au rythme d’une telle entreprise : le stockage des vivres/soins, les notes de voyage, la communication entre navires,… On se familiarise ainsi avec un environnement silencieux et, parfois, dangereux.


Une fois, ces informations assimilées, nous entrons au cœur du sujet : le naufrage d’un bateau chargé de migrants et les implications qui découlent.


On est rapidement happé par le récit, l’isolement naturel d’un tel voyage ainsi que le caractère du personnage principal, nous conditionnent pour la suite des événements. Nous assistons à ses tourments, ses prises de risques et ses confrontations avec les éléments externes.


Pour capter ces instants, l’auteur opte pour une caméra très proche de l’actrice. On ne quitte jamais son parcours et on ressent ainsi intensément les diverses émotions qui la traversent.
De même, afin d’être au plus proche de la réalité de son sujet principal, la temporalité est très peu altérée. À partir du moment où la navigatrice rencontre le chalutier jusqu’au dénouement, les ellipses sont de courtes durées. La narration gagne ainsi en efficacité sans perdre l’évolution psychologique des personnages.


Certes, l’œuvre est original ni dans son propos ni dans sa réalisation. Pour autant, de par l’actualité sur cette situation, elle est une piqûre de rappel nécessaire. Elle remémore le drame humain se jouant, en ce moment, et surtout les mesures absurdes mises en place dans cette gestion de crise. Elle est un support nécessaire pour ne pas tomber dans le piège des politiques jouant sur le déni. Le déni de l'aspect humain des enjeux, le déni des responsabilités sur les causes de cette situation, le déni par adoption d’un novlangue où la solidarité et les actes humanistes sont des délits et où se voiler la face est la norme.


Outre les qualités artistiques de l'œuvre, Styx mérite aussi notre attention pour la justesse dont l’auteur traite son sujet.

tzamety
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste 19 éme Arras Film Festival : ma sélection

Créée

le 26 nov. 2018

Critique lue 822 fois

6 j'aime

tzamety

Écrit par

Critique lue 822 fois

6

D'autres avis sur Styx

Styx
sseb22
8

Aide en haute mer

DISCLAIMER : Vu en avant-première via une Cinexpérience organisée par SensCritique Rike est médecin urgentiste. Rike a un rêve. Rike va (presque) réaliser son rêve. Son rêve est de rejoindre l'île de...

le 19 mars 2019

9 j'aime

Styx
Fêtons_le_cinéma
8

L'urgence sourde

Le voilier dessine une fenêtre sur l’infini qu’il parcourt, forme un cadre dans le cadre où se projettent les rêves de paradis puis l’effroi de la réalité. Styx saisit l’urgence dans ce qu’elle a de...

le 18 mars 2019

9 j'aime

Styx
Flora_Goldgran
8

Embarquez à bord du bateau de Charon

Médecin urgentiste, Rike embarque sur son voilier en direction de l'Île de l'Ascension, paradis sauvage et artificiel perdu au milieu de l'Atlantique Sud. On ne sait rien d'elle. Elle est Rike. Elle...

le 19 mars 2019

7 j'aime

Du même critique

Demain tout commence
tzamety
7

Keep smiling

Film d'ouverture lors de la 17éme édition de l’ArrasFilmFestival, Demain tout commence est le deuxième long métrage d’Hugo Gélin. Avec Omar Sy en tête d'affiche et son sujet éculé ( la vie...

le 7 nov. 2016

15 j'aime

L'Affaire SK1
tzamety
8

Bind, Rape and Kill

Dans les années 90, la police parisienne a dû faire face à un tueur en série en activité dans l'Est de la capitale et dans la décennie suivante à son procès. À partir de ces événements, Fréderic...

le 3 déc. 2014

14 j'aime

Longmire
tzamety
7

Critique de Longmire par tzamety

A première vue, on aurait pu penser que la série surf sur le succès de Justified et recycle à sa manière le flic au pays des rednecks. Une appréhension assez forte même si le synopsis, certes...

le 4 janv. 2013

10 j'aime