Show must go home
Le grand bouleversement qui a terrassé l'industrie du divertissement, au cours de ces 30 dernières années, tient en deux points. La fin d'une certaine possibilité d'émerveillement serait presque...
Par
le 2 août 2016
217 j'aime
131
...lançait David Ayer à l'avant-première de son film de super-hér.. euh, super-vilains. Curieux, quand on constate qu'une fois inscrit dans la (pour l'instant) courte continuité des autres métrages du DC Extended Universe (Le sympathique Man of Steel et le tout juste correct Batman v Superman : L'Aube de la justice), ce métrage semble lâcher les codes déjà établis ...pour lorgner sur ceux des films estampillés du logo rouge de l'autre maison de comics.
Des blagues toutes les trois minutes sentant parfois la punchline mal amenée pour pallier au manque d'humour qui avait été reproché à BvS... fuck Marvel ?
Une équipe d'abord peu soudée qui par la suite fait contre mauvaise fortune bon cœur pour combattre une menace surnaturelle, comme dans le premier Avengers... fuck Marvel ?
Une BO reprenant de grands hits rock et pop des années d'or de ces genres de musique, parce que ça avait fonctionné du tonnerre pour Les Gardiens de la Galaxie... fuck Marvel ?
Une scène pré/post-générique pour teaser un prochain film
et une future assemblée d'autres superhéros
... fuck Marvel ?
Pas bien David, de pisser dans le plat après s'être servi sans demander...
Qu'à cela ne tienne, on est loin de la catastrophe préméditée par les successeurs autoproclamés de Roger Ebert lors de l'avant-première du film. Même si scénaristiquement dans son dernier tiers le métrage cafouille un peu, tout n'est pas à jeter. Les quelques temps morts sont également pardonnables. Pour autant, quand on est fan ardu, difficile de ne pas se sentir lésé, surtout au souvenir de la campagne promotionnelle et des dramas qui en découlaient. Jared Leto tellement dans son rôle de Joker qu'il en venait à envoyer à ses collègues de l'équipe de tournage des cadeaux douteux... Mouais. Sauf syndrome de scènes coupées, son Joker peine à se hisser au rang d'un Nicholson ou d'un Ledger. Non par son traitement (il a au moins ce mérite de ne pas dénaturer le personnage, contrairement à Deadshot qui passe pour beaucoup moins psychopathe que son homologue de papier et d'encre), mais par son manque de place dans un récit qui est certes déjà bien chargé en personnages. D'autant que certains sont hélas sous-exploités (Captain Boomerang, Katana), voire carrément passés à la trappe (Slipknot).
Vendu au départ comme un film novateur (les héros sont des bad guys, inédit..) et sombre à souhait, l'évolution du projet a transpiré par la succession des bande-annonces (qui cette fois n'ont pas eu le mérite de trop nous spoiler l'intrigue). D'une version dark et torturée des 12 Salopards promis au départ par Ayer, le métrage s'est mué en un blockbuster flashy, au traitement souvent confus, au final avec ses ambitions de base tombées au ras des pâquerettes..
Histoire brouillonne dans sa dernière partie, blagues souvent peu finaudes, personnages inégaux (Bon, pour une première de Harley Quinn sur grand écran, bravo quand même Margot Robbie), fantaisie qui s'essouffle, ... Quoi d'autre ? Ah oui, un duo de bad guys peu originaux, aux motivations bien clichées comme il faut.
Le dernier cliffhanger du film m'a rappelé la sensation une fois sorti du visionnage de BvS. Une phrase, dans ma tête, enrobée d'ironie sentencieuse : "Oh, comme c'était pas prévisible..."
Après la "mort" du fils de Krypton, ils allaient quand même pas nous faire gober pendant le dernier tiers du film le décès du clown prince du crime dans un crash d'hélico, quand même...
Revoyez vos rebondissements, les gars. Suicide Squad aurait eu au moins le mérite de sortir un peu du lot avec un suspens moins artificiel et une atmosphère vraiment torturée qui délaisse un peu ce côté "film de commandos lambda"...
Un métrage certes bien fichu, mais finalement très (trop ?) conventionnel.
Créée
le 3 août 2016
Critique lue 370 fois
1 j'aime
2 commentaires
D'autres avis sur Suicide Squad
Le grand bouleversement qui a terrassé l'industrie du divertissement, au cours de ces 30 dernières années, tient en deux points. La fin d'une certaine possibilité d'émerveillement serait presque...
Par
le 2 août 2016
217 j'aime
131
« Fuck Marvel » criait David Ayer durant la vaste promotion de Suicide Squad. Ironiquement, c’est à se demander si le réalisateur a réellement vu la gueule de son film. On a beau vouloir...
Par
le 4 août 2016
205 j'aime
23
Pendant les deux tiers de ce Suicide Squad, on se surprend à penser que, l'un dans l'autre, DC donne l'impression de tenir pas trop mal la barre de son univers partagé et propose un spectacle, même...
le 3 août 2016
170 j'aime
52
Du même critique
Monsieur Kevin Feige, Je prends la liberté d'adresser cette missive à votre nom, mais elle pourrait tout aussi bien s'adresser à d'autres personnes. Scénaristes, dessinateurs de comics, réalisateurs,...
Par
le 25 avr. 2018
9 j'aime
12
"Le plus mauvais film du MCU", certains se sont amusés à écrire en majuscules.. z’avez pas vu Ant-Man & La Guêpe : Quantumania, les gars ?…pour ma part, tout ça c’est de la couille. Il est vrai que...
Par
le 9 nov. 2023
7 j'aime
L'adaptation du chef d’œuvre de Frank Herbert, ou comment évoquer un énième enfer de production au sein de la machine hollywoodienne. Un univers pourtant riche, avec des personnages et une intrigue...
Par
le 15 sept. 2021
7 j'aime
2