Alors une fois de plus, comme avec le "Batman V Superman", en voilà un film qui fait couler de l'encre et enflamme les réseaux sociaux de critiques assassines et vengeresses. Bon, on va reconnaître que c'est tout de même un peu mérité cette fois-ci.


La faute à un marketing agressif et efficace (un superbe cas d'école d'ailleurs), à une succession de bande-annonces toutes plus sexy et excitantes que jamais, à des photos des personnages qui créaient le buzz instantanément, à des infos alléchantes quasi-quotidiennes... On se sentait presque obligé de l'aimer avant de l'avoir vu ce film. Annoncé comme la bombe comics de l'année. Et finalement... ?


Il y a à boire et à manger dans ce film. "Deadpool" peut dormir tranquille, le vrai gagnant de 2016 c'est lui. Le vrai métrage irrévérencieux, halluciné et crazy, c'est étonnement la Fox qui l'a sorti en début d'année avec le mercenaire rouge et noir.


David Ayer échoue. Contre deux récifs. Le premier est sa réalisation en roue libre. Le deuxième est d'avoir rendu ses bad guys inoffensifs. A cela s'ajoute le sentiment prégnant que deux visions du film s'affrontent en permanence. L'une fun, l'autre sombre, sans que jamais ces deux pièces de puzzle s'enchevêtrent convenablement.


Pour en revenir à la réalisation qui souffre du même symptôme que "Batman V Superman", la narration n'est pas solide et encore moins maîtrisée. La faute à un montage anarchique qui donne l'impression continuelle de n'être qu'une succession de sketchs et de scènes collées les unes aux autres avec des post-its ; au final, un film peu abouti, déstructuré, décousu, un patchwork un peu indigeste. Et en plus, on ne comprend rien aux enjeux, le découpage des scènes d'action est fait à la truelle. Du gâchis.


MAIS ET LES PERSONNAGES ?
La part belle est faite à Will Smith et Margot Robbie au détriment des autres personnages. Si cette dernière excelle et transcende son rôle de méchante joliment timbrée, Will Smith en bon papa contribue à rendre le film tous publics. On ne sent aucune menace ni dangerosité émaner de son personnage et cela produit un effet de lissage qui affecte toute la team. Vendu comme les "12 salopards" au pays des super-héros, la gentillesse et la bravoure des membres qui la composent tombent à plat. Ils ont l'air bien inoffensifs nos bad guys. L'acte le plus transgressif sera de casser une vitrine pour piquer un sac (sic). On a vu plus déviant !


Annoncée comme la grande sensation du film, Jared Leto arrive à se démarquer dans son interprétation du Joker (vraiment originale et allumée) mais ce n'est pas avec cet opus qu'il détrônera la prestation de Heath Ledger et son "Why so serious ?" d'anthologie car il est clairement sous-exploité.


La palme de la plus mauvaise actrice sera décernée à Cara Delavigne qui est pitoyable en Enchanteresse (par contre le design du personnage est sublime). Quelqu'un aurait dû/pu penser à lui donner quelques cours d'acteurs tant son jeu en grimaces et invectives sent la naphtaline.


Le bât blesse de fait principalement du côté de la prétendue menace émanant des super-vilains du film qui sont plus ridicules qu'effrayants. Comment avec un budget aussi énorme peut-on foirer à ce point les effets spéciaux ? Le super-vilain en chef est une abomination, les CGI sont laids à souhait et pas crédibles.


MAIS TOUT N'EST PAS SI NOIR
Alors que ce film devrait récolter un zéro pointé pour toutes les raisons évoquées ci-dessus, étrangement on ressort de la salle avec la banane car tout n'est pas à jeter.
"Suicide Squad" est tout simplement un film FUN. Con mais fun. Une succession de vignettes Pop, des couleurs qui crépitent dans tous les sens, une bande-son énorme qui fait bouger tes fesses sur ton siège, des gags à foison (pas tous drôles mais bon esprit), les designs de costumes vraiment réussis, une immersion dans un univers comics quasi-instantanée.


Le plus excitant finalement reste la première demi-heure du film avec ses trailers de présentations des différents personnages ainsi que la production-design du métrage tout en Neon flashy (comme les affiches). C'est beau, ça illumine les yeux et ça te vend des rêves bleus.


WARNER VOUDRAIT BIEN MAIS IL PEUT POINT.
Décidément on ne sait pas si ce sont les executives du studio qui font foirer les réalisateurs film après film ou si ce sont les personnages DC qui ont un problème à être adapté sur un grand écran. Quand on voit les Batman de Nolan, on serait tenté de croire que non. Mais n'est pas Nolan qui veut ! Marvel peut donc continuer à dormir tranquille, ce n'est pas demain que Warner brisera son hégémonie, à moins qu'il n'y ait de grands changements de cap dans les films à venir (Wonder Woman ou Justice League par exemple).


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David_Smadja
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le 8 août 2016

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David Smadja

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