Le faiseur d'un miracle sur l'Hudson

Sully n'était pas sur mon planning cinéma, d'une part car le sujet ne m'intéressait pas et d'autre part à cause du patriotisme excessif de Clint Eastwood, m'ayant profondément agacer durant American Sniper. En réalisant encore un film sur un "héros" américain, je craignais un nouvel hymne à la belle Amérique, celle qui va sauver le monde et le rendre meilleur, bref à un discours de vieux con réac dissertant avec une chaise vide. Ce ne sera pas tout à fait le cas, le long-métrage étant ni bon, ni mauvais, juste ban(c)al.


Le cinéma de Clint Eastwood; en tant que réalisateur; est à géométrie variable. Il est capable du meilleur avec Un frisson dans la nuit, Impitoyable, Mystic River ou Gran Torino, comme du pire avec Firefox, La relève, Au-delà ou J. Edgar. On ne peut nier son talent derrière la caméra, mais parfois ses scénarios ne sont pas intéressants.


Cela ne me semblait pas pertinent de mettre en scène l'histoire du "Miracle de l'Hudson", cela à beau être un exploit remarquable, de là à en faire un long-métrage, mais pourquoi pas. C'est sur l'aspect humain que se penche le film, du moins au début. Chesley "Sully" Sullenberg (Tom Hanks) est un homme ordinaire confronté à un événement extraordinaire. Sa soudaine popularité ne semble pas lui convenir, surtout qu'il se retrouve loin de sa femme et de ses filles, afin de répondre à toutes les sollicitations médiatiques. La vérité, c'est qu'il est consigné à New-York pour répondre aux questions de la commission enquêtant sur son choix de poser l'avion sur l'Hudson.


C'est le procès d'un homme, se retrouvant face à d'autres hommes lui expliquant comment il aurait dû agir, en s'appuyant sur des simulations faites par des ordinateurs. Cette situation est absurde, il a sauvé 155 vies et on lui demande des comptes à cause du coût de l'appareil. La machine à broyer l'humain est présent dans toutes les strates de la société, œuvrant aveuglément pour le dieu dollar. Il a évité le crash en amerrissant sur l'Hudson en plein mois de janvier, alors que la température était de 2° (le ressenti est de -20° selon un reporter) et il a pu compter sur la solidarité des secours new-yorkais, encore sous le traumatisme du 11/09. Cet exploit a fait de lui un héros, mais surtout une lueur d'espoir dans une Amérique en crise, embourbée dans deux guerres et sortant de l'affaire Madoff (selon un taxi).


Le film aurait pu continuer sur cette voie, mais l'envie de montrer l'incident est trop forte. Bien sur, on veut voir et comprendre comment s'est déroulé l’amerrissage, surtout que visuellement cela doit être impressionnant. Le montage est serré, sans pour autant être nerveux et oublie de donner de la profondeur aux protagonistes. On croise plusieurs personnes, mais en dehors de Tom Hanks et Aaron Eckhart (tout les deux impeccables), on a le sentiment de voir des caméo. On va assister à un défilé avec Jerry Ferrara (Entourage), Autumn Reeser, Chris Bauer, Holt McCallany, Michael Rapaport, Laura Linney ou encore Anna Gunn qui est la seule à apporter une vraie contribution à cet édifice désuet, avec évidemment les deux acteurs principaux. La narration va se perdre entre les cauchemars de Sully, ses conversations téléphoniques avec sa femme, les flash-back superflus et la répétition des événements finissant par étouffer l'homme au détriment de l’Airbus A320.


Le film est vétuste, appartenant à un autre siècle où Tom Hanks endosse le costume de Stewart Granger. Ce n'est pas désagréable, mais sa narration me rebute et tout fini par tourner autour du fameux amerrissage. Le début était encourageant, on a tout de même de bons moments par la grâce des discours du héros, mais l'oeuvre n'est pas à la hauteur de l'exploit, décevant.

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le 9 déc. 2016

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Laurent Doe

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