Il ne faut pas s'attendre à un film de catastrophe aérienne avec Sully. Après tout, on parle ici d'un évènement qui n'a duré que quelques 200 secondes.
Eastwood est encore et toujours un putain de bon metteur en scène, un des rares à savoir filmer un crash aérien avec une élégante pureté, sans convoquer un thème pompier à la Hans Zimmer ni autres flatulences über spectaculaires. Certes aussi, c'est un autre style que la démonstration technique de mon chouchou George Miller aka le shredder ultime de la caméra, mais c'est aussi ça, du beau cinoche.
La longue séquence du drame, ainsi que les cauchemars glaçants du commandant se voyant écraser son A320 en plein centre de New York, sont autant de séquences éprouvantes. Mais si je vous dit que Sully n'est pas un film de crash, c'est parce que ce qui est le plus intéressant dans ce film, c'est son attachement à l'après, à la création d'un héros bien malgré lui, qui semble bien peiné -pour ne pas dire horrifié- que tout ça lui tombe dessus. Tom Hanks est ici à son meilleur.
Surtout, Clint montre l'absurdité d'une situation, où toute une pétaudière de technocrates à oreillettes, aussi déshumanisés que les listings d'algorithmes qu'ils triturent sans cesse, cherche des poux a un homme que l'on prend pour inconscient alors qu'il a eu pour seul tort de se fier à son humanité et ses sens plutôt qu'à des listes interminables de checklist. Les scènes du crash rendent à l'écran toute la frénésie qui entoure la fourmilière de volontaires venus s'affairer à aider comme on peut les passagers et aboutir à ce "miracle de l'Hudson"... Pour que derrière, une division de costards-cravates hautains -jamais présents avec d'autres personnes dans le cadre- vienne enquiquiner tout ce beau monde.


On voit dans ce film que si l'on envie toujours les héros, il n'y a pourtant rien de pire que d'être à leur place, aussi hauts puissent-ils être dans l'échelle sociale, puisqu'on cherchera toujours à vous descendre de votre piédestal à coups de hache. Et que la frontière entre l'héroïsme ordinaire et l'inconscience orgueilleuse reste certes fine.
Bref c'est un film profondément humain, indispensable en notre époque où la productivité, la croissance sont des valeurs plus à la mode que l'humanité ou que lele bien-être que l'on résume à une valeur mathématique à destination de cohortes de DRH estampillés En Marche. Mais je m'égare.
Sully n'a comme seul défaut que de paraître trop court, court-circuitant un brin la relation de Sully avec les médias qui font irruption dans sa vie de famille, et le film atteint donc à peine les 90mn. Mais après mûre réflexion: après tout, pourquoi en raconter plus?

Biggus-Dickus
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le 24 juin 2017

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Biggus Dickus

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