L'idée était à priori séduisante sur le papier : réaliser un film de super héros sans pouvoirs, dans la lignée d'un Kickass mais avec un budget bien plus réduit et une brochette de stars au casting. Le souci, c'est que James Gunn, malgré son enthousiasme évident, n'a pas le talent de Matthew Vaughn. Et le budget dérisoire du film se fait cruellement ressentir.
Loin du second degré de Kick-ass, une référence auquel il n'échappe évidemment pas, le film se prend parfois bien trop au sérieux, ce que l'on regrette au vu de certaines scènes complétement barrées mettant en scène Le Vengeur sacré, un héros de chaine chrétienne digne des meilleurs télévangéliste, et qui inspirera Franck dans sa quête pour combattre le Crime. Il est également regrettable que certaines sous-histoires soient à peine esquissées, ou pire abandonnées en cours de route sans incidence sur le déroulement du scénario. Enfin, la morale est totalement absente, et on ne peut que questionner les agissements d'un homme qui se prend visiblement trop au sérieux. La scène finale, censée donner une raison d'être au film, achève de saborder l'ensemble, le faisant définitivement basculer dans le mauvais goût et la gratuité.
Là où le manque de moyen se fait le plus ressentir, c'est dans l'image. Là où le film de Matthew Vaughn offrait un déchainement de couleur saturées pour une ambiance digne d'un comic book à l'américaine, celui de James Gunn offre une ambiance ultra réaliste pas forcément déplaisante mais qui, couplée à une utilisation presque exclusive de la caméra à l'épaule, confère au tout un aspect presque documentaire. On a parfois l'impression de se trouver devant un Projet Blair Witch façon super héros. Et ce ne sont pas les effets spéciaux venus d'un autre âge qui vont sauver le tout, d'autant que la direction artistique, volontairement kitsch, tombe parfois dans le mauvais goût le plus extrême...
On compte donc forcément sur le casting pour rattraper le tout. Et là, une nouvelle fois, la déception est au rendez vous. Rainn Wilson n'a pas le charisme de Aaron Johnson, d'autant que son personnage n'est pas vraiment fait pour attirer la sympathie. Liv Tyler et Kevin Bacon ne font que des apparitions, et semblent se demander ce qu'ils ont pu faire pour atterrir dans cette production. Ellen Page, dans la première partie, sauve le film par son abattage dans un personnage trop cliché pour être intéressant, avant de sombrer dans le malaise ambiant dans la seconde partie, juste quand son rôle commence à trouver des aspérités...
On comprend très vite pourquoi cette œuvre est sortie directement en DVD dans nos vertes contrées. Les amateurs de séries Z un brin décalées feront peut être l'effort d'investir dans cette galette, les autres passeront leur chemin sans regret...