SMB a " l'honneur " d'être le premier film inspiré d'un jeu vidéo (bon en fait le deuxième, puisque le premier est l'adaptation du jeu Mirai Ninja en 1988).


Soit...


Le responsable n°1 de cette catastrophe industrielle n'est autre que le réalisateur renommé ( The Killing, The Mission and City of Joy avant 1993, quand même !) Roland Joffé !


Il a donc rencontré les dirigeants de Nintendo en vu de développer un film sur leur produit phare, Super Mario Bros., bien sûr.
Joffé leur demande donc s'ils ont des exigences particulières concernant ce projet mais Nintendo lui indique qu'il a carte blanche, étant donné que la simple mention du titre se suffit en lui-même...


Joffé engage alors le scénariste oscarisé Barry Morrow (Rain man) et celui-ci s'attelle donc à la difficile tâche de conter un récit basé sur un jeu vidéo.
Morrow écrit donc une histoire où les frères Mario se lancent dans un road-trip à travers le Mushroom Kingdom et rencontrant différents troubles avec - en quête finale - le sauvetage de la Princesse Peach, retenue prisonnière par l'infâme Bowser.


Malgré l'évident parallèle avec la trame du jeu-même de 1990, la production trouva cette quête quelque peu existentielle un peu trop sérieuse pour un projet plus orienté pour le jeune public que pour celui des adultes.


Par la suite, pas moins de 8 scénaristes ( Tom S. Parker, Jim Jennewein, Parker Bennett, Terry Runté, Dick Clement, Ian La Frenais, Ed Solomon et Ryan Rowe) qui modifièrent le concept jusqu'à donner l'incompréhensible gloubi-boulga final...


C'était bien la peine d'utiliser 16 mains et 8 cerveaux pour pondre une telle absurdité, tiens !


Bref, on proposa au regretté Harold Ramis (alors fan du jeu) de se charger de la réal mais il préféra sagement décliner l'offre et s'attela à l'un des meilleurs films de l'histoire du cinéma à la place: Groundhog Day !
On peut dire que Ramis a eu du flair...


Joffé se tourna alors vers le couple (à la ville comme à la réal) Rocky Morton et Annabel JAnkel, réalisateurs de clips (Miles Davis (!), Talking Heads et autres Gravity Kills), créateurs du Max Headroom original et d'un film feat. Dennis Quaid, le prophétique D.O.A (Dead On Arrival, soit Mort à l'Arrivée), comme ce sinistre Summer Barrio Brunch...


La responsable de casting Mali Finn (qui nous a quitté en 2006) proposa le rôle de:



  • Mario à Danny De Vito (qui refusa et doubla et le Detective Whiskers - le fameux chat de dessin-animé dans le monde de Slater - dans Last Action Hero et le bébé dans Look Who's Talking Too) en lieu et place d'un Dustin Hoffman auto-candidat (rejeté par le créateur-même de Mario, car catalogué comme acteur cérébral) puis se tourna vers le regretté Bruno Kirby qui lui, était déjà occupé ailleurs et tenta même de convaicre l'inénarrable Cheech Marin de prêter sa moustache au petit plombier...


  • Luigi à Tom Hanks (mais du fait de son insuccès à l'époque, il a été rapidement écarté par la production),


  • Koopa à Arnold Schwarzenegger (qui préféra jouer avec Mc Tiernan dans le cultissime Last Action Hero) puis à Michael Keaton (qui opta pour un rôle moins craignos dans deux films dramatiques que je n'ai jamais vu) et même - ça, je n'en reviens toujours pas ! - à Kevin Costner !!!



Finalement, nous savons que:



  • Bob Hoskins (qui nous a quitté en 2014) obtint le rôle de Mario - qu'il ne voulait pas au début puis qu'il accepta après modification du scénario,


-John Leguizamo celui de Luigi qui se justifia quelques années après:
"You always see a lot of Italians playing Latin people, like Al Pacino did in Scarface. Now it's our turn!"
("Vous voyez toujours des acteurs Italo-Américains jouer des Latinos comme Al Pacino dans Scarface. Maintenant, c'est notre tour !")


-et le regretté Dennis Hopper dans la peau de King Koopa qui dira plus tard:


"I made a picture called Super Mario Bros., and my six-year-old son at the time - he's now 18 - he said, 'Dad, I think you're probably a pretty good actor, but why did you play that terrible guy King Koopa in Super Mario Bros.?' and I said, 'Well Henry, I did that so you could have shoes,' and he said, 'Dad, I don't need shoes that badly.'"
("J'ai fait ce film qui s'appelle SMB et mon fils de 6 ans à l'époque - il a maintenant 18 ans - m'a dit: "Papa, je pense que t'es un bon acteur mais pourquoi as-tu joué ce lamentable King Koopa dans SMB?" et je lui ai répondu: "Eh bien Henry, je l'ai fait pour que tu puisses avoir des chaussures neuves" et il m'a rétorqué: "Papa, je n'avais pas besoin de chaussures à ce point-là !").


Le tournage commence enfin - sans scénario définitif - en Caroline du Nord et c'est très vite le bordel: en effet, le couple Morton/Jankel a la grosse tête et se montre désagréable avec tout le monde et modifie quotidienenemnt le script sans jamais en référer à ses acteurs.
Le duo Hoskins/Leguizamo s'imbibe donc fréquemment d'alcool pour ne pas trop y penser (ce qui amènera Leguizamo a claquer la porte d'un véhicule sur la main de Hoskins - lui brisant le doigt à l'occasion - puis ce même Leguizamo de se faire renverser plus tard par une voiture alors qu'il était bien éméché (il portera un plâtre pour le reste du tournage).


L'ami Hopper quant à lui de devenir de plus en plus énervé par les désidératas du couple de réals tant et si bien qu'il passera 3 heures à gueuler sur Morton et Jankel sur leur manque de professionnalisme, sabotant par la même le tournage de ce film que le grand Dennis commence à détester au plus haut point.


En effet, le duo de réal tente de rendre le projet plus adulte (d'où les scènes de danseuses explicitement vêtues, uniquement visible dans la version Extented sortie officieusement en juin 2021) allant à l'encontre des désirs de Joffé et de Nintendo.


Quant au scénario pour lequel avaient signé Bob Hoskins, Fiona Shaw et Dennis Hopper, il n'existait déjà plus lorsque le tournage débuta, créant ainsi beaucoup de tensions entre les acteurs, l'équipe et les deux réalisateurs.


Hoskins se référait à eux en les nommant "the cunt and the cow" (soit l'enculé et la grosse vache) et les membres de l'équipe se promenait avec des t-shirts où étaient inscrites les insultes habituelles, des réals à l'encontre des techniciens...


D'ailleurs, l'excellent directeur photo Peter Levy (Predator 2, Broken Arrow) fut viré par les deux hystéros car ils n'étaient pas satisfait de son travail et ce fut Dean Semler (Mad Max 2, Last Action Hero) qui le remplaça...et avoua plus tard à son collègue qu'il regrettait d'avoir accepter ce travail (il fut aussi le réalisateur de seconde équipe, donc enocre plus de temps à souffrir sous la coupe du couple d'imbéciles prétentieux).


Le budget fut explosé et à cause de ça, la fin originelle où Mario doit sauter sur Koopa du haut du Brooklyn Bridge dut être éliminée.



  • Hopper dira alors:


"It was a nightmare, very honestly, that movie. It was a husband and wife directing team who were both control freaks and wouldn't talk before they made decisions. Anyway, I was supposed to go down there for five weeks, and I was there for 17. It was so over budget."
(C'était un cauchemar pour être honnête, ce film. C'était un couple qui réalisait et étaient tous les deux obsédés par le besoin de tout controler et de fait, ne tenaient personne au courant de leurs décisions. Bref, j'étais supposé tourner pendant 5 semaines mais ça en a duré 17. Le budget a largement été dépassé.)



  • Bob Hoskins sera plus direct lorsqu'il parlera de son expérience sur ce film:


"It was a fuckin' nightmare. The whole experience was a nightmare. It had a husband-and-wife team directing, whose arrogance had been mistaken for talent. After so many weeks their own agent told them to get off the set! Fuckin' nightmare. Fuckin' idiots."
(Ce fut un putain de cauchemar. Tout ça fut une expérience épouvantable. Il y avait ce couple marié qui réalisait dont l'arrogance a été prise tout d'abord pour du talent. Après plusieurs semaines, leur propre agent leur a dit de se barrer du plateau ! Un putain de cauchemar. Foutus abrutis.)



  • Leguizamo - qui n'aima pas ce tournage à l'époque - a mis de l'eau dans son vin depuis et rétrospectivement, il apprécie le film pour ce qu'il est, malgré le foutoir évident...


Qu'en est-il du film ?


Ben...


Comment peut-on d'abord faire un film sur deux frères plombiers qui vont braver mille dangers (des Goombas, des trucs, des machins et un euh...une tortue-dragon? Qu'est-ce que King Koopa, en fait???) pour aller délivrer une Princesse qui s'appelle Pêche (Peach, donc) ?


C'est déjà un concept casse-gueule à la base, donc...


Mais ici, on prend quelques bricoles du jeu:



  • les frères Mario donc,


  • un King Koopa dinosaurien à tendance T-Rex,


  • une Bob-omb,


  • un champignon/bouclier et hop!, on te fourre tout ça dans le monde réel !,



Puis:



  • on t'invente une autre dimension,


  • on te rajoute un peu de truc sexy (la nana de Mario moulée dans sa robe laissant très peu à l'imagination puis le décolleté ultra-plongeant de Daisy/Samantha Mathis - fort belle au demeurant - lors de la scène sur le météorite),


  • un duo d'abrutis finis (Iggy et Spike),


  • des SFX parfois très bons (l'animatronique utilisée pour Yoshi et les Goombas, design by Patrick Tatopoulos) et la très belle scène d'ouverture en stop-motion, (rajoutée en post-production en lieu et place d'une séquence avec des dinos réalistes, car plus assez de budget) parfois immondes (les CGI en général),


  • une réal aux fraises (pourtant, j'aime les fraises !),


  • le décor de Dinohattan très cheap (pourtant designé par le grand David L. Snyder de Blade Runner !)


  • un récit abstrait et schyzophrénique (des moments très "kids friendly" avec d'autres plus adultes),


  • et un montage (la version cinéma) chaotique où rien n'a de sens (ça s'arrange un poil avec la version Extented où les scènes ont un début et une fin).



Ce film fait passer Street Fighter (sorti un an plus tard) pour une adaptation honnête et Mortal Kombat feat. Cricri Lambert pour le summum du portage d'un jeu sur grand écran, c'est dire !!!


J"aurais aimé que ce Super Mario Bros.: The Morton Jankel Cut Extented (alors qu'aucun des deux imbéciles ne l'a supervisé, en fait) puisse apporter quelque chose qui rachète la vacuité et la bêtise de la version cinéma mais malheureusement, il n'en est rien.


La chose (qui dure 02h00 sans le générique de fin) est moins tronçonné à la va-vite et les scènes ont plus de cohérence visuelles mais la danseuse habillée avec un costume très léger et suggestif jure avec le côté neuneu du duo Iggy/Spike et surtout avec l'univers-même de Mario !
Super Mario Bros, c'est un jeu très lumineux, dégageant énormément de capital sympathie, avec des thèmes inoubliables et une certaine naiveté qui fait plaisir !


Mais le film ne dégage rien que de la connerie en branche, un humour lamentable, des acteurs se demandant ce qu'ils font là, le déroulement soporifique d'un récit ne racontant pas grand chose, de choix artistique douteux et d'une réalisation foutraque et hideuse à la fin !


Je préfère à ce film l'improbable rap illustrant la série animé des 80's (où le Mario du générique de fin manque de tomber à la dernière image):


Super Mario Bros Rap by Claude Vallois (VF)
https://www.youtube.com/watch?v=fxe0QEYCadA

Créée

le 10 oct. 2021

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The Lizard King

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