Mandat d'arrêt international au nom de Victor Hugo

Evidemment, pour comprendre mon titre, il faut avoir vu ce superbe et hilarant film ! Bon, évidemment, intellos de tous poils et amateurs d'histoires à message, évitez soigneusement ce risque de contamination par le rire sous peine de soins intensifs. C'est bien pour ça que les "césars" du cinéma s'en prémunisent.
Par contre, amateurs de Laurel et Hardy, Bourvil, Coluche et tous les autres, ainsi que de comédies à l'humour fin, vous allez rigoler comme malheureusement c'est trop rare au cinéma... Je compare un peu Dany Boon à Clint Eastwood : il n'hésite pas à étre réalisateur, scénariste, acteur, à parier de ses propres deniers pour co-produire ses films !
Le tout sans toutefois bénéficier des budgets "K"olossaux made inUS et d'une distribution mondiale à l'échelle de l'oncle Sam....
Notre ch'ti a le don de transformer en or tout ce qu'il touche ! Avec les ch'tis, il avait fait sauter la banque et coulé le Titanic... Ici, avec un budget digne des émirats arabes, Supercondriaque a dépassé les cinq millions de spectateurs à sa sortie, et le film a été bénéficiaire rien qu'avec ça !
Même si tous les goûts sont dans la nature et que j'admette volontiers les positions de mes détracteurs, ça devrait quand même leur laisser matière à réflexion !
Dany Boon a bien compris et appliqué cet apophtegme de Gabin :"Si t'as une bonne histoire, tu fais un bon film !" La plupart des tâcherons des télé-films ne l'ont pas encore compris, eux, d'où cette profusion de navets qu'on subit en ce début 2018 sur la TNT après un cru 2017 aussi mauvais si on excepte le "capitaine Marleau". Tiens, encore une ch'ti !
Chacun des films de notre Dany désormais des "Hauts de France" repose sur un thème simple : la vie "ch'ti", ou les défuntes douanes de papa (...) et ici l'hypocondrie) avec une histoire tout aussi simple et ne nécessitant pas d'innombrables génuflexions des cortex temporels !
Quant à la réalisation, faute de compétence technique, je me limiterai à mon ressenti ce qui est finalement le principal : ici une fois de plus je ne me suis pas ennuyé une seconde malgré trois visionnages...
Je ne vous ferai pas l'injure de vous expliquer ce qu'est l'hypocondrie ! Une des plus notoires victime de cet état, et qui ne le cache pas, c'est "Michel Drucker"... qui ne veut pas de domicile qui ne soit à proximité d'une pharmacie, et où il passe de temps voir les dernières nouveautés des laboratoires. (C'est lui qui le dit !) L'idéal eut été que Dany Saval (son épouse) eut été docteur en médecine mais l'amour est aveugle !
Mais Boon ne se limite pas à ironiser sur ce thème principal, ce qui eut fini par devenir longuet, mais à se livrer à toute une déclinaison d'évolution de la maladie, puis de sa guérison (enfin presque puisque son fils même va être hériter des ADN paternels)
Ajoutons à ces clés de la réussite un casting exceptionnel, dont une partie venue des ch'tis : on ne change pas une équipe qui gagne, et la plupart des acteurs ne sont pas réputés pour faire dans la sinistrose...
Dany Boon se met en scène lui-même et on va avoir droit, à toute sa panoplie de talents : son comique, ses fous-rires, ses tics visuels, ses talents de mime et de conteur (...) Tout y passe comme quand il est sur scène ! On pense à Coluche... Et on se régale aussi avec son éternel faire-valoir : Kad Merad qui a le don de mimétisme du caméléon pour se glisser à merveille dans son environnement cinématographique. Mais pourquoi diable arbore-t-il cette barbe, façon Landru, pleine d'acariens ? Pas de chance, il a toujours des femmes (dans ses films !) pas convaincantes dans leur rôle : Zoé Félix était médiocre dans les ch'tis, ici Judith El Zein est pire ! (Pistonnée ?) On dirait la concierge !
Ce serait trop long de vanter tous les comédiens judicieusement choisis, eux, mais arrêtons-nous sur Alice Pol qui crève l'écran. Elle donne une excellente réplique d'amoureuse à notre hypocondriaque comme savait le faire Anne Marivin dans les ch'tis, et curieusement absente de cette distribution... Autre arrêt sur Bruno Lochet (dans doc' Martin entre autres) toujours inimitable, qui nous fait un grand numéro de flic à l'immigration clandestine, et qui s'interroge sur le "Jean Valjean" des faux papiers d'identité de Boon qui en a pourtant une vraie ! Enfin dernier arrêt avec un petit bout de rôle à des acteurs seniors telle Marthe Villalonga toujours aussi sulfureuse... Bref, rien n'est raté, on ne sent pas que tout a été méticuleusement millimétré, préparé, et on cherche en vain la faille, comme dans les Eastwood...
Si vous n'aimez pas, n'en dégoûtez pas les (nombreux) autres !
Détail : le film fait même de la pub pour "Sens Critique" et ça n'est pas intervenu sur mon jugement vierge de toute influence. Si, si, regardez bien le sigle SC sur les flancs d'un des bateaux et vous verrez que j'ai raison !
Marci, Marci ! Pour ceux qui voudraient voir le film et en comprendre les passages en langue étrangère au cours du périple au Tchakistan : ça veut dire "Merci" en tchakistanais, du pays où on lit même Rimbaud !
Il en sait décidément des choses Dany Boon !

TF1 le 09.07.2023-

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le 8 juil. 2023

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