Le film original de Dario Argento est vraiment pour moi un chef-d’œuvre absolu du septième art. Sa ressortie en salles (40 ans plus tard en présence du maître) ne fit que confirmer de façon éclatante cette évidence absolue. Qu’allait donc pouvoir en tirer Luca Guadagnino, fort du succès mérité de son précédent “Call me by your name” (sorte d’éducation sentimentale sensuelle et sans suite) ? Une œuvre tout à fait étourdissante qui n’a rien a voir avec un film d’horreur mainstream, on s’en doute, et qui se situe à l’opposé esthétique du film d’Argento. Pour autant, le sujet ténébreux de l’enclave d’une sorcière noire (Héléna Markos) devenue académie de danse réputée (allusion au Tanztheater Wuppertal de Pina Bausch) est bien au cœur du film. La nouvelle arrivée devra alors faire ses preuves aux yeux de ses ainées... de façon explosive ! Seule l’enquête du docteur Klemperer semble peu convainquante et rallonge un peu le propos, mais tous les personnages sont magistralement incarnés (Dakota Fanning, Tilda Swington, Mia Goth... et tout le casting), les chorégraphies diaboliques sont elle-mêmes à l’image de ces corps malmenés, possédés, transfigurés. Et la musique de Thom Yorke est tout bonnement renversante. Un spectacle au final assez déroutant et sidérant, et donc une très belle réussite.