Sword Art Online Movie : Ordinal Scale
6.3
Sword Art Online Movie : Ordinal Scale

Long-métrage d'animation de Itou Tomohiko (2017)

On ne présente plus Sword Art Online. Saga de Light Novels créée par Reki Kawahara qui connut un succès retentissant lors de son adaptation en anime, la licence est aussi une énorme source de débats tant elle divise les amateurs de japanimation. Nous avons d'un côté des fans acharnés qui soutiennent cette licence corps et âme et de l'autre des personnes qui montent au créneau chaque fois qu'un post en lien avec la série apparaît, histoire de pouvoir cracher leur haine, allant parfois jusqu'à dire que SAO est ce qui est arrivé de pire à l'animation. Personnellement, je suis très proche du premier camp, mais je n'ignore pas les nombreux défauts que comporte la série, comme le manque d'exploitation de certains personnages secondaires, l'aspect très "harem" de l'oeuvre et tout le fan-service qui va avec.


Néanmoins, j'ai toujours été passionné par toute l'imagerie de jeu-vidéo développée par son auteur et les idées qu'il a pu développer au sein de l'oeuvre. Ce n'est pas tant l'aspect gamer qui me passionne, mais tous les à-côtés comme, les conséquences de la réalité virtuelle sur la société, l'incidence qu'elle a sur ses utilisateurs, le difficile retour au réel etc.
Et force est de constater que sur ces points, SAO a souvent été une oeuvre très visionnaire. Il n'y à qu'à voir aujourd'hui les productions d'objets technologiques tels que l'Occulus Rift ou le Playstation VR pour se rendre compte à quel point les thématiques de l'oeuvre sont d'actualité.
Et qui sait, d'ici 2022, peut-être arriverons nous vers une technologie de réalité virtuelle aux capacités proches de celle d'un NerveGear.


Ca fait un moment que je parle mais j'ai pensé nécessaire de situer un peu tout ce contexte pour que vous compreniez dans quel état d'esprit j'ai découvert ce film. Et soyons francs, malgré tout mon amour pour la licence, j'avais peur. J'ai beaucoup aimé la saison 1, j'ai adoré la saison 2 mais je me rappelle aussi péniblement de certains arcs inintéressants comme celui de Caliber. Et surtout, l'ignoble DTV Sword Art Online Ex, qui n'était rien de plus qu'un vulgaire résumé de la saison 1, auquel s'ajoutaient des scènes inédites sans intérêt si ce n'est de montrer un nombre incalculable de plans de Asuna et ses copines en maillot de bain.


Alors bon, qu'en est-il finalement ?


Eh bien... CE FILM EST COOL PUTAIN !
Déjà, parlons un peu du scénario. Le sujet de la Réalité Augmentée pose un tout nouveau contexte qui une fois de plus est totalement dans l'ère du temps et renouvelle intelligemment les enjeux de la saga. Mais si on pouvait avoir un discours très nuancé sur la réalité alternative dans les deux saisons, le regard de l'auteur est ici beaucoup plus cynique. L'Augma (sorte de penchant moderne des Google Glass) apparaît donc plus comme un gadget à la mode que comme une réelle évolution. D'ailleurs, il est quasi impossible de rater le rapprochement entre le jeu Ordinal Scale et Pokémon Go, tous deux euphorisants dans un premier temps mais cachant des intentions souvent mercantiles.
Mais ce n'est pas là l'unique bonne idée de ce film, car toute l'histoire est construite autour d'un mystérieux Cyber-terroriste. Ce dernier semble avoir une dent contre les survivants de SAO et semble faire une obsession autour de leurs souvenirs tant il s'acharne à les voler. Dans quelles intentions ? Qu'est-ce qui le motive ? Je ne vous en dirai rien histoire de ne pas spoiler mais je peux vous dire que là encore, le film est terriblement d'actualité tant ce sujet est proche du trafic d'informations et du vol d'identité auxquels nous sommes quotidiennement confrontés de nos jours.
Ce qui a le bon goût d'installer une atmosphère d'insécurité qui accompagne bien le propos.
Et cela permettra aussi de lever le voile sur certains éléments de la saison 1 à travers quelques flashbacks très bien utilisés. (d'ailleurs à ce sujet, si le film fait de nombreux efforts pour resituer les enjeux pour que les néophytes ne soient pas trop perdus, il est plus que conseillé d'avoir au moins vu la saison 1 pour tout comprendre.)


Autre point important, le film a la bonne idée de beaucoup s'attarder sur le quotidien de ses personnages. Encore une fois, ne vous attendez à rien de fou sur les personnages secondaires (mis à part Yui qui retrouve enfin un rôle important tant elle sera une guide de choix pour le protagoniste) mais l'évolution scénaristique de la relation Kazuto-Asuna est plus que bienvenue. Elle permettra d'ailleurs de nombreuses scènes d'émotion. Et là je vais être franc, certaines étaient un peu étranges. Autant j'ai été réceptif aux moments de complicité des tourtereaux dans la saison 1, ici c'est parfois un peu trop forcé. Notamment une scène où le jeune adolescent se jette dans les bras de sa copine après avoir appris quelque chose qui l'a ému. La scène aurait gagné à être un peu plus soft. Parce que là, voir les deux amoureux s'écrouler sur le lit pour que Kirito atterrisse "comme par magie" dans la poitrine de Asuna, c'était légèrement gênant. Après, j'aurais sans doute été plus réceptif à l'émotion si j'avais pu visionner le film en Vostfr (car oui, la VF était imposée dans le cinéma où je l'ai vu, pauvre de moi. Et je ne me suis pas remis de la voix française de Sinon).


Vu qu'on en est à parler des sujets qui fâchent, parlons justement du fan-service. Oui il y en a. Oui il atterrit parfois de manière totalement impromptu. Mais si vous êtes un habitué de la série, il ne vous gênera pas outre-mesure. Un gag autour de la poitrine de Leafa m'a même fait éclater de rire à un moment. Après, vous aurez évidemment droit à un gros plan de Asuna dans son bain mais bon là encore, on s'y habitue. D'autant qu'une fois de plus, la belle rousse vole véritablement la vedette à Kirito.


Ce n'est pas ça qui m'a le plus chagriné au final, ce serait plutôt la partition musicale de Yuki Kajiura. Quand on sait de quoi la dame est capable sur des animes comme Puella Magi Madoka Magica (ou plus récemment Erased) et quand on voit le magnifique travail qu'elle avait accompli sur la saison 1, on a un peu de quoi rester sur notre faim. Il faut croire qu'elle était plus affairée sur la composition des chansons de l'Idol Yuna, l'autre rôle mystérieux de ce long métrage.


Parlons de l'animation maintenant. Franchement il n'y a rien à redire dessus, si l'anime avait déjà placé la barre très haut en termes de graphismes, le film est un pur joyau pour les yeux, les combats sont purement jouissifs, la direction artistique fait un excellent job et le design très gothique du nouveau jeu-vidéo propose un rendu d'une très grande classe. Et le fait de retrouver certains Boss de Aincrad fera plaisir aux fans de la première heure.
Le combat final quant à lui est une véritable folie furieuse, tant en terme de dynamisme que d'effets visuels. De plus comme les Boss sont issus d'Aincrad, les combats retrouvent également cette dynamique extrêmement brutale qui a souvent manqué aux arcs qui ont suivi le premier.
Et l'idée de redécouvrir un Kirito en proie à la faiblesse due à ses limites physiques (autrefois absentes dans la réalité virtuelle) est encore une fois une idée intéressante. Après on pourra pester sur le fait de le voir trop rapidement s'améliorer mais il faut dire que le bas niveau auquel le héros a commencé était surtout dû à son manque de motivation. (d'ailleurs quand on voit la régression entre ALO et Ordinal Scale, on le comprend)
De très nombreuses références seront faites aux fans de la première heure et, à défaut d'être indispensables, elles ne manqueront pas de vous donner le sourire un très grand nombre de fois.


Pour résumer, si ce film ne bouleversera sans doute pas l'avis des personnes hermétiques à l'univers de SAO, les fans y trouveront un divertissement d'une excellente qualité, bénéficiant d'une réflexion plus que bienvenue sur les frontières entre réalité et virtuel. L'animation est remarquable, très fluide, les liens entre les personnages sont suffisamment approfondis, certains combats sont dantesques et la morale se dégageant de cette histoire -bien que convenue- est tout à fait efficace. En bref, un film à l'image de son modèle: imparfait mais incroyablement généreux.
Ce qui laisse augurer du très bon pour la saison 3.

BenjaminPicard
7
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le 18 mai 2017

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Mister Paradoxe

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Sherns_Valade
7

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