La porte des Indes
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le 3 déc. 2015
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En commençant cette petite critique, je me dis à moi-même, "tiens encore une héroïne". J'ai l'impression d'écrire souvent des retours sur des films mettant en scène des femmes. Est-ce que je m'oriente plus vers des films avec une femme pour protagoniste ou est-ce que ces dernières sont vraiment plus au centre de la production ? M'est avis qu'un peu des deux. Je ne serais pas surpris que globalement les metteurs en scène choisissent plus des héroïnes car les hommes ont sans doute du mal à envisager un héros masculin avec une sensibilité qui le rend intéressant. Ils pensent, consciemment ou non, que la sensibilité aux choses est l'apanage des femmes et des homosexuels. Je raconte peut-être complètement n'importe quoi ; le fait est que je vois beaucoup beaucoup d'héroïnes en ce moment.
Tiens, rien que le documentaire "Vénus, confessions à nues" qui parle de la sexualité des femmes, je me suis demandé "tiens et pourquoi on ne ferait pas la même chose avec les hommes ?"
Je referme la parenthèse. Taj Mahal raconte le séjour à l’hôtel du même nom en Inde d'une jeune française de 18 ans, Louise, depuis ses premiers pas dans les rues de Bombay jusqu'à son évacuation par les pompiers de sa chambre cernée par les flammes...
Le film passe donc un moment à suivre Louise qui découvre son nouvel environnement tranquillement. Elle est là pour suivre ses parents venus pour le travail et faire par la même occasion une école de photographie. Dehors en marchant elle est harcelée par des mecs qui veulent l'emmener dans le meilleur café du coin (mais bien sûr), normal, que du très classique pour le pays où des femmes sont violées dans le bus sans que personne ne bronche. Elle explore l'hôtel Taj Mahal, très très classieux. Globalement c'est une ville comme les autres, avec plein de voitures qui sentent mauvais et font du bruit.
Bref, Louise est plutôt mignonne et sympathique. Et patatras, le malheur arrive : un soir, ses parents (un couple très amoureux franco-anglais) vont au restaurant, Louise préfère rester dans la chambre d'hôtel pour ne pas tenir la chandelle (je suppose) et voilà que des terroristes attaquent...
Tout le film ou presque se déroule du point de vue de Louise, donc on ne voit pas les terroristes à moins qu'elle les voie, mais on entend les coups de feu, les cris ; le film parvient bien à les rendre incroyables, extraordinaires, terrifiants. Peu importe le nombre de films d'action que l'on aura vu avant ce film, le réalisateur parvient à nous mettre dans la peau de cette Louise enfermée dans sa chambre et menacée par des cris et des détonations venant des profondeurs du bâtiment, entendus derrière une porte.
On suit donc sa folle soirée passée à se planquer dans la salle de bain, sous le lit, dans le placard... Sans pour autant que ce soit ennuyeux, Louise étant toujours intéressante à observer (elle réagit intelligemment tout en ayant vraiment peur) et le réalisateur déployant régulièrement de nouveaux "éléments perturbateurs" à son "intention" (le portable qui n'a plus de batterie, l'incendie, la voisine à la fenêtre...). On navigue ainsi avec intérêt jusqu'à la résolution de la crise et le retour à Paris de l'héroïne. A ce titre la dernière séquence dans un café, appuyée par une jolie chanson, qui voit Louise en sécurité mais totalement en décalage avec les divers quidams autour d'elle, est assez jolie.
Mais le film reste à un niveau limité d'intensité du fait de la distance avec Louise. Car même si on la suit de près, on peut dire que le film ne dévoile pas complètement son personnage, la garde mystérieuse. Alors que le réalisateur aurait eu tout intérêt à ce qu'on ne fasse plus qu'un avec elle. On ne partage pas sa sexualité, ses amours, ses goûts en matière de musique, ses amitiés, sa conversation, ses agacements, comment elle se sent dans son corps, ses aspirations profondes au-delà de l'école qu'elle veut faire...
Avec un personnage dont on aurait partagé plus de choses le film aurait pu être bien plus bouleversant (il manque cependant un peu de budget niveau effets spéciaux, surtout pour représenter l'incendie et la destruction de l'hôtel). Une illustration de ce que je raconte est le message vocal que laisse Louise sur le portable de son père alors qu'elle pense qu'elle va mourir ; le réalisateur ne nous laisse pas l'entendre quand elle le prononce !! What the fak ? Pourquoi, quelle idée allons ? Pourquoi faire des cachotteries à la con quand cela aurait pu être un moment intense avec Louise ?
Enfin je regrette un peu l'interprétation du père. Il prend systématiquement un ton agacé pour parler à sa fille au téléphone alors qu'elle est coincée dans une chambre cernée par des terroristes, lol... Pas très crédible.
Taj Mahal est pour moi un film intéressant mais qui pêche par le fait d'avoir limité la proximité du spectateur avec l'héroïne.
Créée
le 21 nov. 2017
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