Voilà un film qui nous fait plonger dans les angoisses les plus profondes d'un homme en proie à des visions cauchemardesques et apocalyptiques, aussi bien en état de veille que de sommeil. La manière dont Curtis nous fait partager ses peurs et ses doutes, ses angoisses récurrentes, mais aussi l'amour inconditionnel pour ses proches, est admirable. D'ailleurs, l'intérêt du film réside justement dans le partage de son trouble : tout comme Curtis, qui prend conscience de ses troubles psychiques, on se demande si ses visions sont réelles ou tout droit sorties de son esprit délirant. Les frontières entre la réalité, les visions oniriques et les hallucinations sont maintenues floues, imprécises, tout au long de l'oeuvre, et même lors de la scène dans l'abri de tempête, on peut se demander qui a raison. Pourtant, bien que Curtis ne s'en rende pas compte, impossible pour nous de ne pas considérer son obsession pour cet abri de tempête comme la source des dégâts les plus importants, sur sa vie sociale, familiale, ou encore professionnelle. En voulant les protéger à tout prix, il entraîne malgré lui la chute des siens. Le film regorge à ce propos de symboles, notamment en ce qui concerne le repli sur la famille, c'est-à-dire les origines, via le retour à la terre, ou encore le rôle de la nature (tout simplement superbe), tour à tour protectrice et menaçante.