Conte pour adulte, Tale Of Tales plonge le spectateur dans un univers fantastique, empreint de magie, peuplé de monstres et propice aux aventures chevaleresques et amoureuses. Matteo Garrone y raconte l’histoire des rois, des reines, des princes et des princesses qui règnent sur trois royaumes voisins. Et parle d’amour, de rêves, d’obsession, de tromperies, d’espoirs et de déceptions. Matteo Garrone raconte l’homme et les femmes.


Plastiquement, le film est magnifique.
Les costumes, qui sont le premier élément visuel du film, sont sublimes à la cour, sales et souillés aux villages ou dans les forêts. De couleurs, de soies, de dentelles, baroques et grandiloquents, chatoyants. Ou ternes, terreux et rêches. La palette est riche de nombreuses conditions, de diverses origines et de belles inspirations. Les décors et les reconstitutions moyenâgeuses sont très réussis. Les paysages sont grandioses, immenses et pittoresques. L’image et le cadre sont propres et décalés, toujours dans la narration : Matteo Garrone juge ses personnages à chaque plan, et tous ne bénéficient pas de la même hauteur de regard. Tous ne bénéficient pas de la même distance, ni de la même indulgence.


Mais le scenario est lâche.
Trois histoires s’entremêlent. La reine de Selvascura – magnifique Selma Hayek – est prête à tout pour enfanter, jusqu’à perdre son époux avec dignité, et ne recule devant aucun sentiment pour garder ce fils tout près d’elle. Le roi de Roccaforte – Vincent Cassel, hanté –, avide de sexe et de beauté, est trompé par la vieillesse de deux sœurs aux voix enchanteresses. Le roi d’Altomonte – Toby Jones, incroyablement juste à chaque plan – délaisse sa fille et laisse sa princesse aux rêves de contes de fées se faire rattraper par une vile réalité sans réagir. Pendant une bonne heure, le spectateur attend le lien qui sublimera la narration, l’élément, la séquence qui nous dira ce que ces trois histoires racontent ensembles. Puis le spectateur commence à se demander si ce lien sera fait. Avant de comprendre au final que l’ambition était trop haute.


En un film, Matteo Garrone réalise trois courts métrages au sein d’un même univers, sans pour autant en faire une trilogie cohérente ailleurs que sur la faiblesse des hommes face à la volonté des femmes qu’ils aiment. Cette incommunication, le thème qui se dégage de l’exercice, n’est pas un propos en soi, mais sert de simple piste de réflexion.
Les trois variations stylistiques sont certes splendides, mais résonnent un peu creuses.


      Matthieu Marsan-Bacheré

Créée

le 13 juil. 2015

Critique lue 217 fois

Critique lue 217 fois

D'autres avis sur Tale of Tales

Tale of Tales
Fritz_Langueur
9

La princesse aux petites poisses...

Indiscutablement « Tale of tales » sera le film le plus controversé de l’année 2015, accueil mitigé a Cannes, critique divisée et premiers ressentis de spectateurs contrastés. Me moquant éperdument...

le 3 juil. 2015

48 j'aime

11

Tale of Tales
Elsa_Badoc
4

Un malheureux gâchis

Avec son nouveau film Tale of Tales, Matteo Garrone prétendait adapter Le Conte des contes de Giambattista Basile, recueil regroupant une cinquantaine de contes différents. Sorcière, ogres et fées se...

le 15 juil. 2015

27 j'aime

1

Tale of Tales
JimBo_Lebowski
7

Les métamorphoses

Récemment sélectionné au Festival de Cannes ce film avait retenu mon attention par sa bande annonce et ses quelques extraits mystérieux, de plus Matteo Garrone restait sur un très bon ressenti de ma...

le 2 sept. 2015

25 j'aime

2

Du même critique

Gervaise
Matthieu_Marsan-Bach
6

L'Assommée

Adapté de L’Assommoir d’Émile Zola, ce film de René Clément s’éloigne du sujet principal de l’œuvre, l’alcool et ses ravages sur le monde ouvrier, pour se consacrer au destin de Gervaise, miséreuse...

le 26 nov. 2015

6 j'aime

1