J'aime le cinéma quand il me fait découvrir un monde que je ne connais absolument pas, en l'occurrence celui de prostituées transsexuelles à Los Angeles. A peine sortie de prison, où elle a appris que son mec (et son maquereau) l'avait trompée, Sin-Dee se met en tête de le chercher afin de lui casser la gueule, accompagnée de sa meilleure amie, Alexandra.


Comme le dit l'affiche, je n'ai jamais rien vu de pareil, avec un tournage fait à l'aide de trois Iphone, en grande partie improvisée, et avec des acteurs pour la plupart non-professionnels, dont les deux têtes d'affiche, Kitana Kiki Rodriguez et Mya Taylor, sont vraiment des prostituées transsexuelles. Cela donne une image très particulière, un peu déformée, légèrement sous-exposée ou avec des filtres, mais cela permet une liberté indéniable dans la mise en scène parce que les figurants qu'on voit...n'en sont pas, à en juger leurs têtes parfois étonnées quand ils voient des ceux personnages forts en gueule.
Assez rapidement, le récit va se diviser en trois parties, avec chacune des deux femmes d'abord, puis avec un chauffeur de taxi d'origine arménienne, pour se rejoindre lors d'une dispute dans un café sous les yeux consternés de la propriétaire (qui n'est autre qu'une productrice et costumière !).


Le film n'est pas à recommander à tout le monde, car ça tourne beaucoup autour du sexe, de l'amour transgenre, pas mal de vulgarité, mais j'ai trouvé ça réjouissant. C'est aussi l'occasion de filmer Los Angeles la veille de Noël, et qui donne plutôt l'impression d'être en plein été. C'est aussi l'histoire d'une très belle amitié entre deux femmes, au fond peu importe leur genre, car malgré les épreuves, les humiliations de l'une (Alexandra qui chante dans un bar désert, et on apprend qu'elle paie pour sa performance) ou de l'autre (pitoyable justification du mac), ou quand elles s'en prennent à une autre prostituée (Sin-Dee qui attrape par les cheveux celle qui a couché avec son mec), elles sont toujours là pour s'entraider, jusqu'à ce très beau geste final à la suite d'une énième humiliation. D'ailleurs, les deux femmes sont meilleures amies dans la vie, et je trouve que ça se voit dans leur jeu, avec une étonnante connivence.


Sean Baker a réalisé ce film avec l'énergie du désespoir, mais a écrit une histoire qui se pourrait se résumer à cette amitié qui dépasse les genres.

Boubakar
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le 27 juin 2020

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