Pas de destin, mais ce que nous faisons (et si on faisais un bon film?)

Vingt-huit, ça faisait vingt-huit foutus années que Terminator n’avait pas eu droit à un bon film. Les deux premiers films étaient des chefs d’œuvres, des films science-fiction originaux, denses et proposant un univers sombre et pessimiste. Le troisième film était… nul. Me concernant, c’est l’épisode que je déteste le plus. Terminator Renaissance avait le mérite de proposer quelque chose de nouveau, à savoir de vivre en temps réel le conflit entre les hommes et les machines. Manque de bol, le scénario était bancal, la mise en scène peu inspirée et les acteurs franchement pas investis. Genysis est une catastrophe. Donc, après plus de deux décennies de massacre, je n’attendais plus rien de cette saga. Je désirai simplement qu’on la laisse sommeiller à tout jamais dans le cercueil qu’on lui avait construit au fil des films. Quand Dark Fate fût annoncé, je n’étais même pas intéressé. Un humain hybride ? Déjà vu dans Renaissance et Genysis et ce n’était pas une réussite. Un Terminator un peu liquide ? Une façon désespérée de reprendre la classe du T1000. Le retour de Linda Hamilton ? Plus grand-chose à foutre. Le personnage avait atteint son point culminant dans le second volet, et à mon sens, elle n’avait plus rien à raconter. Je suis donc entré dans la salle de cinéma défaitiste.
Et dès les premières minutes, Dark Fate a réussi à me convaincre qu’enfin…j’allais avoir affaire à un bon Terminator. Et la suite du film n’a fait que confirmer ma pensée, c’était vraiment un bon Terminator. Pas forcément un grand film d’action, mais un film qui avait compris ce qu’était Terminator, et qui proposait quelque chose de correct et surtout de cohérent avec les deux films de Cameron.
Cohérent… c’est à prendre à double tranchant. Evidemment, avec une histoire aussi foireuse que les voyages dans le temps, être cohérent d’un point de vue scénaristique, c’est inespéré. Ce que je veux dire par cohérent, c’est que c’est un film qui a compris les personnages, les thématiques, et a en quelque sorte, poursuivi cela. On poursuit le destin de Sarah Connor, on poursuit cette thématique comme quoi, la machine peut comprendre l’esprit humain, on poursuit tout ça, et c’était la meilleure chose à faire.
Et malgré ça, le film prend une tournure scénaristique assez osée dès les premières minutes (la scène d’introduction est assez crève-cœur pour tout les fans du deuxième film). Ce choix scénaristique vient remettre en question les convictions de Sarah Connor et permet de la développer davantage. Je craignais qu’on ramène Linda Hamilton juste pour faire cool mais non. On ramène Sarah Connor parce qu’on a quelque chose à raconter avec elle, et qu’on fait pas n’importe quoi avec son personnage, et ça, j’aime ! Aussi, le film part sur une nouvelle timeline avec de nouveaux personnages qui s’intègrent parfaitement à la mythologie Terminator. Dark Fate prend en compte le final de T2. Final splendide que je vais spoiler. Skynet était anéantit, Sarah et John avaient réussi à détruire toutes les avancées du projet Skynet. Cependant, cet anéantissement de Skynet, n’empêche pas le Jugement Dernier, puisque ce sont les avancées technologiques qui amènent à l’extinction de l’humanité. Ce n’est donc plus Skynet qui est responsable du Jugement Dernier, mais un autre projet à savoir Legion, et ce n’est plus John Connor le leader de la résistance, mais une autre personne.
Du coup, en recréant totalement la mythologie Terminator, le film part sur de nouvelles bases, tout en insérant Sarah Connor avec réussite. Et franchement, ces nouvelles bases, je les trouve cool. Le scénario va dans des directions inédites, tout en proposant des parallélismes avec les précédents volets. Même si, après tout, on garde la base de chaque épisode, une personne qui tente de fuir une machine programmée pour la tuer. C’est juste que les objectifs et les aboutissements sont différents.
D’un certain point de vue, ce Dark Fate reprend beaucoup des épisodes précédents, mais en même temps, on peut presque parler de remake. La majorité des personnages sont totalement inédits à l’exception de Sarah Connor et ce bon vieux Schwarzy (même s’il campe toujours un nouveau modèle de Terminator). Les nouveaux personnages quant à eux, sont amenés avec assez de finesse pour qu’on les accepte sans soucis. Par exemple, j’aime beaucoup le personnage de Grace. Une fille qui a survécu au Jugement Dernier et qui accepte d’être physiquement évoluée pour être envoyée dans le passé et protéger l’Elu (mais je dirai pas qui). C’est un personnage qui, dans son passé, a été sauvée par l’Elu, et qui, en retournant dans le passé, essaye de payer sa dette en sauvant cette même personne quitte à y laisser sa peau.
Donc en soi, je trouve les nouveaux personnages vraiment intéressants. Mais bien évidemment, ceux qui trouvent grâce à mes yeux, ce sont Sarah Connor et ce nouveau Terminator incarné par Schwarzy. Là encore, il y a une réelle réflexion entre l’homme et la machine, qui est le plus déshumanisé des deux. Sarah voue une haine viscérale envers les Terminators (et on la comprend totalement), mais d’un autre côté, on a affaire à un T800 qui a compris la nature de l’homme. Et je m’attends à voir beaucoup de monde gueuler sur ce personnage incarné par Schwarzy, donc je vais consacrer un paragraphe pour expliquer en quoi, pour moi, c’est une réussite.
A la fin de Terminator 2, le T800 qui était programmé pour protéger John Connor, finissait par comprendre pourquoi les humains pleuraient et ressentaient certaines émotions. Il comprenait enfin la complexité de l’esprit humain, tout en étant conscient de ne jamais pouvoir en éprouver les émotions. C’est d’ailleurs la phrase finale du deuxième film, réplique merveilleuse de Sarah Connor « Si une machine a pu comprendre la beauté de la race humaine, peut-être, nous, le pouvons ». Et bah voilà, on en a la preuve finale. Ce T800, celui de Dark Fate a tellement côtoyé les humains, qu’il en a parfaitement compris les rouages et qu’il a finit par se créer, sa propre conscience. Comme le T800 le disait dans T2 « Plus je côtoie les humains, plus j’apprends ». C’est pour ça que pour moi, cette version du T800 est une réussie, parce qu’il est totalement dans la continuité du second volet.
Et c’est même pour ça que j’apprécie vraiment ce Terminator Dark Fate. Il a tellement compris les deux premiers, il a tellement intégré les thématiques de ceux-ci, que lorsqu’il se permet de les poursuivre, il réussit avec brio. C’est un Terminator qui questionne la nature humaine, notre folie à construire et détruire, mais aussi la beauté de l’amour que l’on porte pour autrui. C’est peut-être pas amené avec autant de finesse que dans les deux premiers films, mais bordel, qu’est-ce que ça fait du bien de retrouver ces thématiques.
Donc voilà, Terminator Dark Fate, c’est peut-être pas le film de l’année, mais ça reste un Terminator qui marche. Un Terminator qui ne fait pas honte aux chefs d’œuvres de Cameron, et qui en plus de cela, propose des scènes de bastons vraiment bonnes malgré quelques problèmes de rythmes. Je fais exprès de passer sous silence les défauts de ce film. Mon plaisir de retrouver un bon Terminator était tellement immense, que les défauts n’ont plus d’importance pour moi. C’est mon côté fan boy, mais tant pis, ça fait si longtemps que j’ai pas pris du plaisir devant un Terminator.

James-Betaman
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le 28 oct. 2019

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James-Betaman

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