Je me demande si c'est pour suivre l'exemple de son ami Coppola que Lucas a décidé de vendre les droits de célèbre franchise pour faire des films d'auteur dans son garage. Coppola, ça faisait longtemps que son succès lui pesait sur le citron. Le fait est : plus il était connu, plus les producteurs l'emmerdaient. Et Francis il aime pas qu'on l'emmerde. Alors il a décidé d'arrêter le cinéma, puis, une fois plein de frics grâce à son vin, il a décidé qu'il deviendrait l'ultime producteur de ses films. Cela a donné lieu à trois films. Après quoi, il s'est rendu compte que le succès c'était pas si mal et que ce qu'il voyait comme des contraintes de businessman n'était rien comparé à c equ'il doit subir en tant qu'auteur fauché et indépendant. Aujourd'hui il déclare que cette trilogie était une période de transition et qu'il se sent prêt à affronter les studios à nouveau. Mais pas pour un film de gangsters.
"Tetro", c'est donc son deuxième film de cette fameuse trilogie. Le premier opus m'avait ennuyé (j'ai aussi commis l'erreur de le regarder après une nuit blanche et en plus j'étais jeune et naïf). Tandis que celui-ci, je l'ai découvert en étant conscient que ça pourrait être chiant.
Chiant ça l'est. Le scénario manque un peu de peps. Il est amusant de constater que Coppola agit vraiment comme un élève sorti d'une école, avec une écriture pleine de symbolisme et de sous entendus personnels. C'est intéressant en soi, mais ça manque de conflitss et surtout d'un but qui permette d'anticiper l'action ; là on est un peu paumé, on ne sait pas toujours ce qu'on regarde, ce qu'on attend.
Pour passer le temps, Coppola a l'idée lumineuse de prouver qu'il est toujours aussi génial formellement. Rarement un film d'étudiant atteindra un tel niveau de mise en scène. Le découpage dans l'espace est toujours aussi intéressant, il y a un jeu de rythme dans l'enchaînement des plans, dans le jeu de lumière, dans l'utilisation du son et même dans la façon de mouvoir ces corps. les acteurs d'ailleurs, bien que dans la retenue irrationnelle, sont assez bons. Non vraiment, la mise en scène brille de mille feux. Coppola baigne son spectateur dans une atmosphère de fantastique et en même temps d'autobiographique.
Pour revenir à l'intrigue, il y a tout de même une idée intéressante : la construction d'un personnage. Sorte de "Citizen Kane" en beaucoup moins dynamique et fun, "Tetro" est un personnage que l'on construit non pas par fragment de subjectivités, mais plutôt par fragments de souvenirs jusqu'à ce que le personnage se réveille et vienne lier le tout de sa propre voix. C'est assez beau et intelligent. Dommage que dans l'exécution, Coppola ait tout oublié de ce qui fait le divertissement narratif.
Bref, "Tetro" est passionnant pour son idée de base et sa mise en scène, en revanche cela déçoit par son scénario un peu paumé et plat. Dommage.
Bonus : http://image.noelshack.com/fichiers/2015/06/1422979880-tetro.jpg