Plutôt méconnue en Occident, il y a eu en Indonésie un coup d'état par la junte militaire qui aurait fait 1 million de victimes. 45 ans plus tard, Joshua Oppenheimer va dans le pays, et s'il rencontre un silence gêné des survivants, il va rencontrer plusieurs des bourreaux qui non seulement sont protégés par le pouvoir en place mais en plus vont rejouer devant la caméra comment ils exécutaient et torturaient leurs victimes !


Le documentaire est (co)produit par Werner Herzog, et je comprends pourquoi dans le sens où c'est une réalité totalement dingue qu'on assiste sous nos yeux. Pensez donc ; des assassins qui s'éclatent (oui, c'est le mot), à refaire des choses horribles, et en nous expliquant le tout, avec force détails macabres, sur comment égorger sa victime sans mettre du sang de partout, et d'autres joyeusetés. D'où le profond malaise ressenti durant la projection. Mais je trouve dommage que le réalisateur ne creuse pas plus le sujet originel, à savoir ce qui s'est réellement passé en 1965, sur la situation politique d'alors et actuelle de l'Indonésie, au lieu montrer en fin de compte quelque chose de dégueulasse.


Car le documentaire dure près de 2h40, et on les sent passer, car au fond, le principe est d'interroger un exécuteur, il explique comment il tuait, ce qu'il ressentait, et on passe à un autre. C'est surtout la mise en scène que je trouve impressionnante pour un documentaire car pour un peu, on serait dans une version horrifique de Borat, où les gens ne trouvent rien à redire sur tout cela, y compris les enfants ! D'ailleurs, il y a tout une dernière partie, sur l'exécution en quasi temps réel, joué comme une pièce de théatre, avec les acteurs de l'époque si j'ose dire, qui finit par un égorgement simulé grâce à un maquillage qui fait franchement froid dans le dos. Si je retiens deux choses, c'est d'une part un des anciens bourreaux qui revient sur le lieu de ses crimes et qui en vomit ses tripes, ainsi que le générique de fin d'autre part où, par peur des représailles, une grande partie de l'équipe technique est non créditée.


Malgré mes reproches, The act of killing est clairement à voir, car pour nous, ça serait l'équivalent de soldats nazis qui rejoueraient leurs actes de tortures.

Boubakar
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le 10 sept. 2020

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Boubakar

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