The Artist par Vincent Bruneau
Ce film de Michel Hazanavicius était un pari énorme. L’idée du film : faire en 2011, un film muet en noir et blanc, une opération qui n’avait pas été tentée depuis 1976 avec le film La Dernière Folie de Mel Brooks.
The Artist nous relate l’histoire de George Valentin (Jean Dujardin), un acteur à succès, adulé du tout Hollywood pour ses rôles dans les plus grands films muets de l’époque. Malheureusement pour ce dernier, ces films muets voient arriver peu à peu une véritable révolution : des films où les acteurs parlent (notons que nous
sommes alors en 1927). Au début persuadé que ce nouveau cinéma ne percera jamais, George n’imagine pas qu’il va petit à petit sombrer dans l’oubli. Pire encore, il va se lancer dans une opération de la dernière
chance, en réalisant lui-même un ultime film muet, qui va le mener à la ruine et le plonger dans la dépression et l’alcoolisme.
Enfin, ce film met en parallèle la carrière de George Valentin qui est en déclin et celle de Peppy Miller (jouée par la sublime Bérénice Bejo) qui est une étoile montante du cinéma parlant, révélée notamment dans un des derniers films de George Valentin. Cette circonstance va engendrer des situations délicates entremêlées de jalousie et d’admiration ainsi que de sentiments situés à mi-chemin entre l’amour et le mépris le plus total.
En ce qui concerne la réalisation, ce film est un véritable chef d’œuvre. Il n’est absolument pas longuet et il confirme l’idée que Jean Dujardin peut nous faire rire rien que par son comique de geste, ce qui en soi est la marque des grands acteurs comiques.
Ce film marque aussi le retour au cinéma du couple Dujardin, Bejo (qui est en réalité la femme de Michel Hazanavicius) après OSS 117, Le Caire Nid d’Espions, du même réalisateur. Ceci constitue ainsi un véritable régal.
D’autre part, ce film qui a été présenté à Cannes une semaine seulement après avoir été monté, s’est vu attribuer la Palme d’interprétation masculine pour Jean Dujardin. L’anecdote est que Robert De Niro, alors Président du festival, avait confié qu’il aurait voulu donner la Palme d’or à ce film, plutôt qu’à Tree of Life. Néanmoins il n’a pas pu en raison de l’interdiction des doubles prix, sachant que celui de Jean Dujardin est absolument indiscutable.
Enfin, ne vous attendez pas à un Charlie Chaplin en allant voir ce film, vous serez très déçus étant donné qu’il s’agit plus d’un drame que d’une comédie.
Ce film est une véritable expérience plus que réussie !