The Artist c'est un peu l'évènement qui peut me faire fuir un film.
Pour cette fois, faisant fi de la dithyrambe, cannoise ou non, je me décidai à affronter le "dernier truc à la mode".
Grand bien m'en a pris.
Oh j'y suis allé benoîtement hein, fort de mon absence totale de références en matière de films muets.
Tout emprunt de respect pour Jean Dujardin, qui s'affirme pour moi de plus en plus comme un vrai acteur, et ce film ne fera pas exception, en duo pour la troisième fois (ce me semble) avec Bérénice Béjo, pour le meilleur je dois bien le dire.
L'un comme l'autre, volontairement ou non, donne une vraie dimension à ce film via une prestation aussi excellente qu'excessive.
Ils le portent pour ainsi dire à eux seuls, et à ce petit jeu Béjo a d'ailleurs une longueur d'avance, elle emporte tout dans son sillage, transcendant l'image de la starlette (ces coupes de cheveux, bon sang...).
Que dire d'un film muet ?
Il y a deux façons de voir le film d'Hazanavicius : travail de pompier, dénué d'originalité, d'imagination et de talent, ou réel hommage.
J'ai opté pour la seconde option et, comme souvent dans ce genre de cas, je pense que ça se passe d'explications : il s'agit purement d'un ressenti.
J'ai été touché par l'histoire peu originale, par les personnages et le jeu d'acteurs caricaturaux, j'ai apprécié les seconds rôles prestigieux.
Visuellement réussi, The Artist honore le jeu de lumières requis pour un film de cet acabit, et s'offre le luxe de deux-trois scènes ou "simples" plans tout bonnement somptueux à mon goût : à l'exemple de cette scène de l'escalier, emblématique du basculement de hiérarchie entre l'idole déchue et sa remplaçante.
J'ai juste, à l'instar de ma voisine, tiqué un petit peu sur la musique, légèrement en retrait même si "correcte", ce qui aurait pu donner un réel cachet et la petite touche "chef-d'oeuvre" manquante à ce film.
Franchement, je n'ai pas boudé mon plaisir.
J'y suis même allé de la petite larme à deux ou trois reprises.
C'est peut-être facile de jouer des violons et du volume sonore pour faire pleurer la ménagère, mais alors pourquoi ce film est-il un tel OVNI ?
Parce qu'à mon avis, qu'on ait La Classe Américaine ou pas, ça ne doit pas être évident de revisiter des codes aussi anciens, dans un marché régi par les grosses productions remplies de CGI et d'explosions.
Parce que je ne comprends pas qu'on accuse de facilité un mec qui prend un pari pour moi risqué, ou les producteurs qui ont suivi derrière.
Réalisateur "hype" ou non, promotion cannoise orchestrée ou pas, je m'en fiche.
Le concept est séduisant, le résultat réjouissant.
The Artist vend sa petite parcelle de nostalgie, et remplit ce contrat avec brio.
Vous aussi, rejoignez le mainstream et aimez-le avec moi !
[Edit]
J'en oublie cette époustouflante scène de claquettes, qui à elle seule a dû demander au duo un solide entraînement.