Et ça joue plutôt très bien.
Il est vrai que proposer un film muet en noir et blanc au 21ème siècle, c'est un pari risqué. Mais bon, c'est Hazanavicius qui s'y colle, en faisant appel à un producteur généreux et en s'entourant d'un casting plutôt alléchant, Dujardin en tête.
Et puis on découvre une très belle bande d'annonce, mettant en avant des atouts esthétiques et sonores (deux éléments primordiaux pour un film muet, en somme). Et puis Jean Dujardin est généreusement récompensé à Cannes avec un prix d'interprétation.
Bref, que de beaux atouts, donc on fonce. Et là, tous les éléments "marketing" de cette production se confirment. Voilà un film qui tient ses promesses.
Alors oui, c'est beau. Un noir et blanc maîtrisé, des décors rétrospectifs somptueux, une bande originale comblant à merveille l'absence de dialogue. Dès lors, l'hommage rendu à ce genre cinématographique d'antan est très bien effectué, du générique de début aux différents cartons.
Mais voilà, la principale arme de ce long-métrage reste sa distribution. Jean Dujardin est tout simplement épatant. Il prouve son incroyable maîtrise émotionnelle dans son travail d'interprétation. C'est clairement l'acteur à avoir sous le bras pour monter un tel projet. Sa performance expressive permet de nous accrocher à l'histoire muette qui nous est conté.
A ses côtés, Bérénice Bejo. Ce joli brin de femme assure une interprétation de grande qualité, créant le parfait équilibre dans ce duo principal.
Et puis, n'oublions pas Sir Goodman et le charismatique James Cromwell, qu'on ne présentent même plus...
"The Artist" est donc une bonne surprise. Le pari lancé devient un défi accompli sérieusement et intelligemment.
Le seul bémol réside dans la notion de temporalité. Le film traîne un peu en longueur vers la fin, notamment dans la séquence de descente aux enfers de George Valentin.
Le résultat aurait donc mérité d'être plus court pour éviter de nous faire décrocher par moment, d'autant plus que le spectateur doit se (re)mettre en situation de réception d'un film sans dialogue. Mais il est fort probable que ce problème de durée soit lié à la notion de standardisation des formats filmiques que les producteurs doivent distribuer.