Un biopic bien fade...

La période traitée par le film m’intéresse particulièrement et j’attendais le métrage depuis son annonce. Je resterai sur ma faim…

Produit et réalisé par Nate Parker (également acteur principal), The Birth of Nation traite l’histoire de Nat Turner, le leader d’un mouvement révolutionnaire contre l’esclavage quelques années avant la guerre de sécession américaine.

Je ne vais pas parler en détails des acteurs et de la mise en scène qui sont académiques, sans erreur ni originalité marquante.

Un film très lent à démarrer

La tranquillité relative de la vie de Nat rend la première demie-heure limite ennuyante. Le réalisateur aurait pu montrer plus rapidement la séparation entre la vie de Nat et la vie des esclaves d’autres plantations. On assiste même à une amourette inintéressante entre Nat et une esclave de qui il est tombé amoureux instantanément lors d’une vente aux enchères. Si elle fait partie intégrante de sa vie et que le film et biographique, elle n’a aucune importance dans la révolution ni même dans les motivations de Nat, on aurait pu éviter de passer plus de 30 minutes sur une histoire d’amour niaise et sans saveur.

Un héro peu attachant

Au delà de la violence de celui-ci dont je parle plus bas dans la critique, Nat est incroyablement égoïste. Le traitement particulier dont bénéficie Nat, auquel on assiste pendant la première moitié du film lui ferme les yeux sur la situations des ses amis. Même en voyageant des des champs de cotons où les esclaves sont torturés, même en assistant au viol de l’une de ses amies, Nat ne prend conscience de la nécessaire révolution qu’après avoir été lui-même fouetté. Un peu moyen pour le leader d’un mouvement historique.

Un objectivisme peu abouti

La volonté de nuance du réalisateur est perceptible mais bien légère. Nat est présenté comme un tueur fanatique.
Les tâches d’hémoglobine sur sa chemise et sa hachette ne sont pas sans rappeler les films d'horreur les plus sanglants de l'histoire du cinéma. Les références à la religion ne sont pas à l'avantage du leader révolutionnaire. Celui-ci regarde le ciel en permanence avec une folie aisément perceptible, amenant ses amis vers une morts certaine.

Néanmoins, on aurait apprécié que le film aille plus loin dans la nuance. Les scènes de torture que les blancs font subir aux esclaves sont bien plus explicites que le massacre organisé par Nat. Ce dernier découpe en morceaux des innocents victimes de leur époque sans que cela ne soit choquant. J’ai même eu la sensation que le réalisateur présentait ça comme un mal nécessaire.

Difficile d’égaliser le niveau de recul de « la naissance d’une nation » de D.W Griffith sorti un siècle plus tôt.

Sans doute est-ce trop difficile de faire un film rentable en traitant le sujet de cette façon ? Le réalisateur est victime du contexte dans lequel il vit. La discrimination étant encore trop présente aujourd’hui, il est difficile de critiquer les événements ayant fait avancer la cause même si ceux-ci sont synonymes de meurtres d’innocents.

En bref, regardez la naissance d’une nation de 1915 si vous ne l’avez pas vu et économisez 8 euros.