Faire des Livres Sterling avec des livres

En 1959 dans la petite ville de Hardborough, Florence Green se met en tête d’ouvrir une librairie. Faire tourner une telle échoppe dans une province rurale, c’est risqué. Ça devient carrément compliqué si on se met à dos l’aristocratie locale.

Le charme irrésistible se dégageant de cette petite bourgade provinciale et ses habitants « so British » ne suffit pas à combler les gros problèmes de The Bookshop. Les personnages ne sont qu’esquissés et leurs profils apparaissent trop simplistes, dans un récit à l’enjeu finalement très manichéen : une femme courageuse va affronter une succession de personnages fourbes, lâches ou hypocrites, sans que leur animosité ne soit vraiment justifiée. On dirait le scénario d’un film de super-héros Marvel, mais c’est bien celui du dernier film de la réalisatrice de The Secret Life of Words dont il s’agit. Et ça n’est pas les insistantes références à Fahrenheit 451, ouvrage dans lequel la société brûle ses livres, qui affine le propos de ce film engagé pour l’art littéraire

Outre cette base scénaristique simpliste, la réalisation est peu inspirée, hormis quelques compositions de cadres réussies. Sans doute pour rappeler le matériau d’origine, un roman de Penelope Fitzgerald, Isabel Coixet recourt maladroitement à une voix-off plombante et grève son film de flashbacks aussi laids qu’inutiles, qu’on croirait sortis d’un téléfilm. Si le film se laisse toutefois regarder sans déplaisir, c’est grâce à ses acteurs particulièrement convainquant, mention spéciale à la rencontre entre la lumineuse Emily Mortimer et le minéral mais fragile Bill Nighy. La relation entre leurs deux personnages offre les meilleurs moments du film. Dommage que la réalisatrice ne s’y attarde que trop peu, au profit d’autres arcs narratifs secondaires, pas forcément nécessaires.