The Brown Bunny par Manaiden
À chaud, j'ai eu énormément de mal à trancher: ce film était-il vraiment immonde ou presque génial? A vrai dire j'hésite encore, et ne pense pas répondre un jour. Disons que la majeure partie du film laisse perplexe: la route, la route, encore la route, et l'horizon goudronné à perte de vue, avec de temps en temps un bout du visage du héro. On sent effectivement que les jeunes femmes rencontrées sont des sortes de substituts à une personne réellement aimée, mais qu'on désespère de voir un jour. Puis quand elle arrive, enfin, c'est l'incompréhension, d'abord, un certain dégout ensuite. Ce qui m'a déplu n'est pas tant l'idée d'une scène explicite de fellation, mais plutôt son insertion dans le film: Vincent Gallo s'attache toujours à jouer sur le hors champ, le flou, laissant volontairement les plans incomplets. Là à l'inverse, la caméra se focalise avec assez d'insistance sur cette scène. Pour courroner le tout, ce sont les répliques qui tournent au vulgaire, mais là dessus passons... Vient après l'explication de tout ce cirque, qui est des plus tragiques: il la vit pour la dernière fois alors que profitant de sa perte de connaissance due à la drogue, plusieurs hommes la violaient. Incapable de réagir, il prit la fuite, et ne revint que pour la trouver morte d'une overdose sur une civière des pompiers eux aussi arrivés trop tard. J'ai trouvé cette fin réellement bouleversante mais tout aussi dérangeante, voilà pourquoi j'ignore si la scène de fellation était alors vraiment inutile, ou si tout le choc du film repose sur le décalage qu'elle crée...