Nous sommes sur un circuit de Grand Prix quand on découvre le motard Bud Clay. Bud est sur sa moto en train de concourir. Il roule, il roule, il roule. Il roule sans cesse sur sa boucle. Le son des différents engins eux, varient : les retentissements apparaissent et disparaissent sans cohérence, comme si l'attention se faisait et se défaisait. Cette première scène qui est symboliquement forte est en quelque sorte une mise en abyme de l'ensemble du film.
The Brown Bunny, c'est l'histoire d'un homme qui part à la recherche d'une femme : Daisy. De cette fille, Vincent Gallo ne nous en dit rien, et nous en dévoilera très peu tout le long du film. Enfin jusqu'à la fin où tout s’éclaircira d'une lumière aussi puissante que sombre.
Daisy, Bud va la chercher continuellement à travers 1h de roadtrip. Que ce soit à travers de jeunes prostitués blondes sur le bord de la route, où à travers une femme désespérée croisée au hasard sur une aire d'autoroute, la boucle ne sera pas bouclée tant qu'il n'aura pas Daisy. Tout ça on le comprendra plus tard, avec la scène finale. Scène qui aura fait tant polémique, alors qu'elle est si belle. Bud retrouve Daisy, ce qui est déjà un fantasme en soi, et va jusqu'au charnel. La scène est salement poétique, donne au film tout son sens et tout l'intérêt qui lui revient.
Cependant si cette scène est magique et justifie toutes les longueurs précédentes, ces longueurs demeurent néanmoins très lourdes. Un mal pour bien qu'on m'dit. En effet le film est fort, riche en émotion et est une superbe représentation du deuil. Mais malheureusement la moindre scène est étirée comme pas permis, ce qui peut justifier toutes les mauvaises critiques de l'époque. D'ailleurs Vincent Gallo avait vulgairement répondu à celles-ci, et vu l'état des critiques, c'était aussi maladroit que mérité. Cependant, en plus des nombreux échanges d'insultes avec notamment le critique américain Roger Eber, Gallo lui donna une autre réponse intelligente : une version raccourcie de 25 minutes. Version qui lui aura fait revoir l'opinion du film considérablement à la hausse.
C'est d'ailleurs cette version là qu'il aurait fallu voir afin d'avoir en plus de la poésie et le symbolisme déjà présent, l'hypnotisme recherché plutôt que ce fâcheux ennui.