Hollywood story

Si "The Chaser" charme d'entrée par son tempo enlevé et son personnage principal (Séoul), le film ne tient assurément pas, ni la durée, ni ses promesses initiales.
Le genre même étant très codifié, on attend de Na Hong-Jin une proposition esthétique ou scénaristique pour ne pas repartir sur des sentiers ultra-rebattus.
Il y a effectivement une sorte d'élégance, du moins on le croit, à se débarrasser en une grosse demi-heure (folle !) de son intrigue principale. Ce ne sera pas une chasse au loup. Et la scène titre de course-poursuite est vite évacuée. Voilà pour le panache.
Mais poudre aux yeux, NH-J s'enfonce ensuite dans une deuxième moitié assez boueuse de type bourbier hollywoodien (un "Memories of murder" sans humour) qui se prend au sérieux.
Et d'enquiller les clichés. Sur l'incompétence des flics. Le héros inépuisable. La violence maniaque et gratuite du psychopathe castré. La petite fille adorable et abandonnée...
Plus grave, on s'attarde lourdement sur les giclées de sang au ralenti en faisant mine de regarder ailleurs. Cette fausse pudeur qu'on appelle au choix mauvais goût ou vulgarité.
Heureusement, NH-J connaît son "Se7en" sur le bout des doigts et parvient à mettre suffisamment de conviction et de noirceur (photo verte glauque de rigueur) pour nous tenir au delà des deux heures.
Le mano à mano final règle une bonne fois pour toute la question des (maigres) ambitions du réalisateur. Tout est balisé. Oubliant de cultiver sa différence, NH-J lorgne ouvertement du côté d'"Old boy" et de Refn, difficilement une référence pour réinventer quoi que ce soit.