Connaissez-vous l’histoire de Yoo Young-chul? Je vous préviens tout de suite, ce n’est pas le genre d’histoire que le Père Castor raconterait à ses petits enfants. Si vous voulez passer une bonne nuit, ça n’est pas non plus la meilleure histoire à raconter en randonnée, en pleine nature, le soir autour d’un feu de camp. Bref, monsieur Young-chul est un des plus grands tueurs en série de l’histoire. Ce coréen d’une trentaine d’année a tué 26 personnes au début des années 2000, principalement des hôtesses de bar et des prostituées. Un psychopathe ayant une dent contre la société et qui, après avoir eu une première femme masseuse puis essuyé le refus d’une prostituée pour une proposition de mariage, entra en croisade contre ces femmes de «petites vertus».


Le film The Chaser s’inspire de cette histoire en y greffant un excellent anti-héro, Jung-ho, un ex-flic reconverti en maquereau. Lancé sur la piste de ses employées disparues, Jung-ho croise la route du tueur, Young-Min (le fameux Yoo Yung-chul). Contrairement à ce en quoi nous sommes habitués, l’identité du tueur est tout de suite révélée et le suspens du film ne se focalise pas sur la découverte de l’assassin, mais sur son inculpation par les autorités.


Le cinéma coréen est à l’image de leur langue, un isolat. Les codes de ce cinéma se différencient nettement des films américains, européens ou japonais. Ce nouveau genre apparaît dans les années 90, peu après la fin de la dictature et du contrôle exercé par les autorités sur les productions cinématographiques. Les codes de la société coréenne changent et une nouvelle vague de réalisateurs vont révolutionner le cinéma. On peut citer Park Chan-wook (Old Boy), Kim Jee-woon (A Bittersweet Life et J'ai rencontré le Diable), Bong Joon-ho (Memories of Murder et The Host), sans oublier le réalisateur de The Chaser, Na Hong-jin. Ces réalisateurs utilisent tous des mises en scène d’une extrême violence afin de critiquer les codes de leur société actuelle. Ces films donnent une vision de la place de l’individu au sein de la société et apportent tous une dimension psychologique et comportementale aux agissements de cet individu ainsi que ses interactions avec la collectivité. Dans The Chaser, le réalisateur dénonce la passivité et l’incompétence de la police ainsi que l’individualisme qui régit les comportements dans son pays.


Ce cinéma coréen, relativement jeune, s’exporte très bien et s’est trouvé une belle place au sein du paysage cinématographique occidental. Outre sa violence magistralement orchestrée, l’harmonie entre les scènes et la musique est un autre point fort de ce cinéma. La musique, souvent douce et reposante contraste avec la photographie et le tout forme une opposition complémentaire faisant penser au yin et au yang.

Vincent Ruozzi

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