Plaidoyer pour la course à pied

Na Hong-Jim n'a même pas fini ses études qu'il se lance dans la réalisation épaulé par un producteur qui croit en lui mais surtout en son script. Une intrigue avec son lot d'originalités donc, ici le vilain est arrêté dès les vingts premières minutes et durant tout le film, Joon-Ho, l'anti-héros type et la police vont tenter de prouver son inculpation.
Environnement de l'enquête: Séoul, capitale tentaculaire de la Corée du sud, fourmillante, poisseuse et suintant le mal-être. Parce-que mal il y a, pas seulement le psychopathe à gueule d'ange, mais aussi notre personnage principal qui inspire rien d'autre que du mépris, au début. Là est l'une des forces de ce The Chaser, au fil du film,au fur et à mesure des pérégrinations de Joon-Ho on s'attache à cet homme, à sa brutalité, à sa rage contre cet assassin sadique et cette police impuissante. La prestation de Kim Yoon-Seok y joue pour beaucoup, elle est remarquable, on souffre pour lui, on partage sa fureur et on jubile quand il bastonne. Même les seconds rôles ne sont pas en reste, Seo Yung-Hee en pauvre survivante et évidemment notre tueur glacial interprété par Ha Jung-Woo, sont d'une justesse assez étonnante pour des acteurs encore peu connus.
Servi par une mise en scène nerveuse,une caméra peut-être un peu trop tremblotante et une bande son timide mais toujours bien en accord, The Chaser jongle entre violence brute (pas un seul coup de feu dans le film !) mais jamais gratuite, humour acerbe et tragédie mettant réellement mal à l'aise. Le rythme est effréné, la lutte de Joon-Ho, véritable jeu de piste avec compte à rebours, est captivante et surtout le film surprend. Comme le fait très souvent le cinéma coréen.

Critique écrite en avril 2009.