• Revu en mai 2014 :
Avec The Dark Knight, Christopher Nolan transforme cette simple histoire de superhéros en un Thriller noir qui n'a plus grand chose de fictif. Après avoir posé des bases familières, c'est là qu'il entreprend la réinvention du mythe, autant dans le personnage que dans son équipement et ses planques. L'intrigue est complexe et parcourue de nombreux arcs et thèmes qui se développent à mesure que l'affrontement entre Batman et le Joker culmine. Le scénario est tout simplement excellent, à la fois en contenu et en rythme. La prestation de Ledger est phénoménale et on aimerait en dire autant d'Eckhart, mais son Harvey Dent semble trop précipité pour ce seul film. Ce The Dark Knight impressionne également au niveau de la patte visuelle. Nolan rend parfaitement la froideur et la descente dans le chaos de la ville, et nous offre des plans IMAX incroyablement immersifs qui ouvrent totalement le champ de vision. Sur les compositions affinées de Zimmer & Howard, chaque séquence d'action n'en devient que plus percutante. Indéniablement, Nolan a définitivement fait entrer le film de super-héros dans le 7ème art.

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• Critique du 29 juillet 2012 :
Précédé, bien malgré lui, d'une publicité funèbre - la mort d'Heath Ledger - The Dark Knight marque le retour d'un des plus célèbres héros de comics dans les salles obscures. Après le résultat plutôt mitigé apporté par le retour de l’autre figure de proue des écuries DC Comics, Superman, dans le film de 2006, la Warner est clairement sur le fil du rasoir en ce qui concerne les adaptations de superhéros et n'a aucunement le droit de se louper, sous peine d'enterrer définitivement tout futur projet et laisser le champ libre à Marvel. Batman Begins avait été une réussite clairement encourageante, et le renouveau façon Nolan a eu l'air de payer. Pourquoi changer une recette qui gagne, surtout lorsque l'histoire de base avait déjà été pensée pour une trilogie ?

Comme le laissait entendre la scène finale de Begins, ce nouveau volet voit l’arrivée du Joker en tant qu’antagoniste du film. Dès la scène d’ouverture, le psychopathe nous est révélé et va créer une escalade du chaos au sein de Gotham pour se jouer de Batman. La ville subit donc, à nouveau, les plans machiavéliques d’un ennemi imprévisible et sans limites, alors que la corruption continue d’infiltrer les rues. Un aspect que tente vivement de combattre le procureur Harvey Dent, nouvel espoir de la ville, aux côtés du commissaire Gordon.

Si Batman Begins était entièrement centré sur Bruce Wayne, The Dark Knight le délaisse très souvent pour osciller entre les actions du Joker, ou bien de Dent. La Chauve-Souris ne fait alors plus que quelques apparitions dans l’histoire qui est devenue celle de ces nouveaux personnages, sans être lui-même davantage approfondi. L’on a bien un petit passage qui le montre en proie au doute, ou à des décisions morales extrêmes, mais dans l’ensemble, on le sent tout de même un peu éclipsé devant l’ampleur que prend cette œuvre.

Ceci n'empêche que le scénario est extrêmement bien ficelé. Rien d’étonnant puisque Christopher Nolan récupère son frère, Jonathan, pour l’écrire, tout comme sur Le Prestige, son précédent film qui jouissait d’une intrigue des plus solides. Pour The Dark Knight, l’on peut y déceler quelques longueurs de prime abord, mais jamais l’histoire ne se perd dans ses différentes constructions. Le scénario est à la fois intelligent, joue sur l’aspect policier (et l’on retrouve un Batman détective), mais aussi sur un profil plus psychologique et abordant les volontés et motivations des personnages, ainsi que leurs conséquences. Par ailleurs, l’on note quelques traits d'humour bien investis qui prêtent réellement à sourire.

Et cette force qui se dégage du film vient en grande partie d’un casting aussi succulent que performant. Christian Bale n’a plus rien à prouver et dévoile encore un potentiel incroyable. Si Bruce Wayne apparaît sous moins de facettes que dans le volet précédent, l’acteur incarne aisément le playboy insouciant, tout en donnant à l’homme sous le masque une bestialité rare. Les affrontements verbaux avec le Joker deviennent d’ailleurs des moments intenses et mémorables. Cela va sans dire, Heath Ledger, qui incarne cet ennemi de choix, délivre une prestation tout simplement époustouflante. Les mimiques de psychopathe, le regard perdu et empreint de folie, la démarche déambulatoire, l’attitude imprévisible du mal incarné cachée par un visage bariolé d’un sourire cicatrisé. À mille lieues de l’interprétation fantasmagorique de Jack Nicholson, il est parfois très difficile de voir la frontière entre le jeu d’acteur et la démence chez Heath Ledger. Autre ennemi qui fera son apparition : Double-Face, qui est avant tout Harvey Dent, "chevalier blanc" aux convictions fortes qu'Aaron Eckhart retransmet sans faille à l'écran. Malheureusement, Double-Face est plutôt sous-traité, et pour le peu qu’il apparaît sur la dernière demi-heure, il a déjà disparu. Ce n’est pas anodin s’il était à la base prévu dans le troisième film.

Parmi le reste du casting, Michael Caine et Morgan Freeman ont également rempilé, toujours aussi justes dans leurs jeux respectifs, malgré une présence restreinte. Le premier affiche même un nouveau visage en commençant à remettre en doute les idées de Bruce Wayne. Gary Oldman est bien meilleur qu’il y a trois ans et semble extrêmement impliqué dans son personnage, offrant une crédibilité certaine. Léger changement du côté de Rachel Dawes qui se fait abandonner par Katie Holmes pour être interprétée par Maggie Gyllenhaal. La jeune femme, assistante du procureur, impacte beaucoup sur les décisions de Bruce, surtout qu’elle connaît son secret. Pour ce qui est de l’actrice, on perd un joli minois mais on y gagne en conviction. Le célèbre Eric Roberts apparaît dans un rôle qu’il connaît bien, celui de gangster local, et on n’a aucun mal à l’imaginer comme tel. Une petite apparition amusante de Cillian Murphy également, désormais réduit à un brigand des bas étages.

Dès l’extraordinaire scène d’ouverture du braquage de banque, l’on sent que Nolan a affiné son coup de main et propose des plans épatants. La réalisation est léchée et ciselée à merveille. Tous les plans sont propres et favorisent un style visuel immaculé encore plus singulier. En outre, Nolan a enfin appris à filmer des scènes d'action qui en jettent, ultra lisibles, et c'est un vrai régal, surtout avec l’apport éblouissant des plans en IMAX. Autant dans la dynamique démesurée des courses poursuites que dans les affrontements corps à corps de Batman et des pantins qui lui servent de punchingball. Cette mise en scène, presque artistique, offre également des travellings précis, des plans larges immersifs, et des contre-plongées saisissantes, particulièrement sur le Joker, laissant ainsi entrevoir une domination totale sur Gotham.

Bémol, pour ma part, de ce côté néanmoins. Gotham est redevenue une métropole ordinaire, bourrée d’immeubles scintillants mais sans réelle personnalité, comme on pouvait l’entrevoir dans Begins ; mais c’est sûr que des gratte-ciels modernes passent mieux sur le format IMAX. Toutefois, il demeure de nombreuses scènes nocturnes qui parviennent à conserver l’atmosphère d’un Batman, même à travers ce visuel extrêmement délicat.
Qui plus est, les effets spéciaux sont tellement bien insérés dans le film qu'ils sont rarement trop visibles et ne détournent pas de l’intrigue. La majorité sont, de toute façon, réalisés de manière mécanique, et cela accroît indéniablement le réalisme qui sert de ligne de conduite à cette franchise. Pour ce qui est de la motion capture utilisée pour créer Double-Face, elle se veut très dérangeante et plutôt crédible, même si on ne peut s'empêcher d'y ressentir une certaine bizarrerie.

Enfin, fidèles au poste, Hans Zimmer et James Newton Howard poursuivent leur vision musicale du superhéros façon Nolan, toujours avec un sentiment de modernité. Trois thèmes principaux ne cessent de s'entrecroiser et se percuter tout au long du film : celui du Joker, viscéral, fou, construit de cordes stridentes qui renvoient cette image de lames de rasoirs emportées dans une symphonie hallucinatoire et chaotique. Puis, celui représentant Harvey Dent, plus élégant, majestueux, à l’image du "chevalier blanc". Et celui de Batman, découlant très logiquement des thèmes entrevus dans Begins. La bande-son est globalement intense, dynamique, parfaitement orchestrée et rythmée au gré des séquences, entre ambiances prenantes, suffocantes, et basses vrombissantes explosives qui filent la patate aux séquences d’action.

Assurément, avec The Dark Knight, Christopher Nolan pose un pilier parmi les adaptations de films de superhéros. Plus noir que jamais et ultraréaliste, ce nouveau volet sur la Chauve-Souris explose dans un univers chaotique incommensurable, en livrant un croisement classieux de thriller psychologique et thèmes superhéroïques, le tout présenté d'une patte artistique atypique. Loin des superproductions bourrées de CGI, The Dark Knight époustoufle par le travail soigné de son univers, la présence de ses personnages et sa réalisation chirurgicale. Nolan créé ainsi une œuvre mature, destinée à un public résolument adulte. Et cette approche unique jusqu'alors est amenée à élever le film parmi les classiques incontestés du genre, et même bien au-delà.
AntoineRA
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le 29 juil. 2012

Modifiée

le 6 juin 2014

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AntoineRA

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