Produit par Alexandre Aja, The Door s’écarte rapidement des concepts novateurs qu’il pouvait développer pour mieux s’enliser dans un conformisme affligeant. L'oeuvre narre l'histoire d'une mère de famille vivant en Inde, profondément heurtée par la disparition de son fils. Elle apprend l'existence d'un rituel lui permettant de parler une dernière fois à son enfant, à travers la porte d'un temple communiquant avec le monde des morts... En ouvrant ladite porte, elle bouleversera l'équilibre entre les vivants et les gisants.
Réaliser un film n’est pas une tâche aisée, nul ne saurait affirmer le contraire. Dès lors, relever en quelques lignes les tares de The Door pourrait paraître excessivement arbitraire… mais force est de constater que sous couvert de l’exploitation de thématiques aussi pesantes que le deuil parental et/ou la difficile assimilation des codes d’une culture étrangère, le dernier long-métrage de Johannes Roberts est larvé d’imperfections agaçantes, évocatrices des artifices lamentables dont se pare le cinéma d’horreur depuis plusieurs années.
Ce qui est d’autant plus regrettable, c’est que malgré sa profusion de défauts, l’œuvre jouit de quelques pistes scénaristiques intéressantes (de l’intensité émotionnelle de son sujet à l’exploitation du folklore indien, en passant par le spectre planant de l’impérialisme) et d’une photographie offrant une série de plans éthérés, couplée à une direction artistique honorable. Hélas, ces qualités sont pondérées par une écriture désespérément grossière, donnant vie à une secte de hindous cannibales révérant un dieu de la mort à quatre bras, à des références appuyées au Livre de la jungle (l’auteur, Rudyard Kipling, était un fervent défenseur du colonialisme) et à un dénouement aussi surprenant qu’un galet sur la Côte d’Albâtre. Du reste, le recours cyclique à des jump scares aussi superflus qu’injustifiés achèvera de tourner en ridicule les rares intentions louables du film… Oubliant en une poignée de secondes (bouh !) l’exotisme accordé par le cadre dans lequel il prend place, The Door sombre dans les affres de la banalité et du racolage.
Comme s’il prenait conscience de ses excès de trivialité, Johannes Roberts, sous l’égide (ou le fouet) de ses producteurs, ponctue son long-métrage de séquences pathétiques… dont une, axiale, exposant l’agonie d’un enfant avec la frénésie d’un mauvais blockbuster. Ladite séquence est symptomatique du plus grand vice du film : son incapacité à susciter la moindre empathie. Car passée une phase d’exposition plutôt efficace (il convient de le noter), The Door oscille entre de longs moments de vide (soulignant la vacuité du jeu d’acteurs contraints d’incarner des personnages écrasés par des afflictions semblant dépasser les compétences des auteurs du script), des prises de décisions stupides outrepassant la suspension consentie de l’incrédulité, des instants de tension réemployant sans honte des techniques de mise en scène piochées aléatoirement dans le cinéma de Hideo Nakata (Ring, Dark Water), et un étalage quasi-historique des clichés les plus éculés des films traitant de maisons hantées. Menant à un climax rappelant le Simetierre de Mary Lambert, ces fragments hétérogènes sont articulés par une musique simplement emphatique et par des tentatives impromptues de faire sursauter le spectateur… qui le sortent plus de la fiction qu’autre chose. En résulte une œuvre ni émouvante, ni effrayante, ni même divertissante, qui suscitera au mieux de l’indifférence et au pire de l’agacement. The Door ne parvient jamais à trouver un équilibre entre le drame et la terreur, et se noie dans l’outrance d’une telle façon qu’il désamorce le moindre de ses effets. En somme, il n’est qu’une énième production horrifique, mollasse et générée par des intentions bassement lucratives. Voilà qui est plus déplorable encore que la dépression du personnage de Sarah Wayne Callies