The florida project nous fait passer derrière le miroir du monde enchanté de Disney, là où la réalité est déformée: les bâtiments sont colorés comme dans le parc, les boutiques ont des formes rigolotes d’orange ou autres fantaisie, on y vend des glaces, des enfants y grandissent en jouant au bord d’une piscine, et pourtant….


Pourtant nous sommes du mauvais côté de la barrière, là où on peine à payer la chambre qu’on occupe à durée indéterminée et où les familles monoparentales s’entassent, on essaie de trouver du boulot sans y croire, on élabore des combines pour extorquer un peu de monnaie aux riches visiteurs de la firme aux grandes oreilles, on finit par en vouloir au monde entier même à ses amis et à perdre les pédales.


The florida project pose son drame dans un univers coloré, sous un climat ensoleillé, dans un pays “civilisé”, aux portes du monde magique et merveilleux de l’industrie du rêve.
Dans le motel les enfants s’occupent en jouant à embêter les adultes, à exister à leur manière, quitte à faire des mauvais coups.


Le gérant du motel est aussi le gardien d’un monde qui s’enfonce: il entretien les couloirs et repeint les façades comme pour dire qu’il faut sauver les apparences, rester debout.
C’est la figure paternelle, le tuteur qui n’en a pas le pouvoir mais qui permet de garder un semblant d’humanité, c’est lui le vrai rayon de soleil du film.


Face à lui Hailey est la mère ado qui refuse son rôle, qui a abandonné l’espoir, qui peu à peu voit le mur qui se rapproche d’elle.


The florida project se regarde avec attention, avec amusement devant les frasques des gamins, avec amertume quand on découvre la détresse psychologique des personnages et l’ironie du parallèle entre la société de consommation qui passe devant eux et dont ils sont exclus.
Un bon moyen de se rappeler que les oubliés du progrès sont parfois très proches de ceux qui en profitent.

iori
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le 23 mai 2018

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