Troisième long-métrage d'un metteur en scène très remarqué après ses deux premiers films qui étaient Pi et Requiem for a dream. Si avec le premier, il s'agissait d'une révélation, le second a fait office de confirmation. Darren Aronofsky est bel et bien un de ces réalisateurs sur lequel il faudra compter pour le futur. Avec The Fountain, il change une nouvelle fois de registre après un thriller mathématique et un drame sur la dépendance. Place cette fois à une histoire d'amour intemporelle.
Cette oeuvre possède aussi un aspect métaphysique qui nous ramène droit à ce que fait un Tarkovski. Mais n'est pas le maître russe qui veut. Une histoire d'amour avec des mêmes personnages, qui se passerait dans le passé, maintenant et dans le futur. Tout est question aussi d'une histoire d'un livre que l'Izzi de notre époque écrit et où les personnages de son livre sont ceux du film. Voilà, c'est un peu résumé. Nul doute que l'histoire réelle et le récit du livre se mêlent. C'est assez aisément compréhensible. Ce n'est pas pour autant mauvais mais on atteint pas un degré de complexité qu'on a déjà pu constater chez d'autres cinéastes. Au final, ça nous donne une belle histoire d'amour de la part d'un metteur en scène qui entretient justement une romance avec l'actrice principale Rachel Weisz. C'est donc une très belle déclaration même si le projet couve dans la tête de Aronofsky depuis 1999 et initialement, cela devait être Cate Blanchett qui devait tenir le rôle. Le hasard a bien fait les choses. Un des autres thèmes de ce film est l'immortalité. Tout d'abord, on atteindrait une certaine forme d'amour immortel puisque Tommy essaie de tout faire pour sa belle. Mais il y a tout simplement la renaissance tout court. La mort ne serait qu'un passage. L'immortalité semble atteinte de différentes manières. On a un personnage qui devient arbre, un médecin qui repousse les limites de la science et un brave gars qui garde l'arbre de vie en...vie. Bref, on a quand même l'impression que c'est pas aussi maîtrisé que chez d'autres cinéastes. Aronofsky ne tient pas parfaitement son sujet entre les mains. La tentative est cependant louable. Et puis, on peut le reconnaître, c'est quand même agréable de voir un cinéaste s'essayer à différents genres. Ca ne peut évidemment pas parfaitement réussir à chaque fois et connaître un immense succès public. Mais attention, ce n'est pas mauvais du tout (à mes yeux du moins) mais ce n'est pas ce qui se fait de mieux en la matière. De plus, les deux histoires les plus intéressantes, à savoir le passé et le futur sont celles qu'on voit le moins. Celle se déroulant au présent est un peu plus banale.
D'un point de vue mise en scène, Aronofsky abandonne totalement le montage clipesque qui en avait fait sa force pour ses deux précédents films. Place désormais à une réalisation plus mature, plus portée sur le cinéma même avec toutefois deux ou trois plans hors du commun. Visuellement, le film est magnifique. Il suffit de voir comment le futur est mis en scène pour s'en apercevoir. D'une rare beauté, on peut assister à de magnifiques contrastes (il suffit de se souvenir du plan où Jackman fait du yoga et du taï-chi. Pour pouvoir réaliser cela, il a suivi un entraînement de 14 mois). On connaît aussi toutes les difficultés que l'oeuvre a connue pour se faire. Un budget qui a été réduit de manière considérable, passant de 75 millions de dollars à 35 millions. Exit à cause de cela, la grande bataille entre les conquistadors espagnols et les mayas. Place à un affrontement plus réduit. Il est certes réussi mais nous fait regretter de ne point en voir plus. Le film a connu d'énormes difficultés à trouver les deux acteurs principaux. Brad Pitt devait tenir le rôle de Tommy mais un différend artistique avec Aronofsky a poussé l'acteur à tourner Troie plutôt que ce film. The Fountain restera au même stade pendant deux ans. Pour cela, Blanchett ne tournera pas pour cette oeuvre. Bref, que de problèmes ont émaillés la production et le tournage. On terminera toutefois avec une note un peu plus positive puisque Clint Mansell compose à nouveau la musique d'un film d'Aronofsky. Pour le plus grand plaisir de nos oreilles.
Darren Aronofsky possède un talent indéniable. Le jeune homme doit encore mûrir un peu. Cependant, il semble que ses capacités artistiques soient de plus en plus reconnues dans le monde du cinéma. The Wrestler, son prochain film, vient de remporter le Lion d'or au festival de Venise. Méritait-il cette récompense? On le saura le 18 février 2009 (du moins pour les Français, les Belges devront certainement patienter un peu plus longtemps...). En attendant, The Fountain est une oeuvre sympathique mais qui ne marquera pas l'histoire du septième art.
batman1985
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le 6 mai 2011

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batman1985

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