The Frame
6.9
The Frame

Film de Jamin Winans (2014)

Le film que tout le monde va vouloir détester pour se démarquer.

Bon.
J'ai voulu écrire des trucs rigolos et un peu geeks comme "vieux con blasé no more", ou des trucs de fanboy enthousiaste comme "Putain. Mais. Quelle. Leçon", ou des pavés abscons plein de références imbitables, ça et plein d'autres choses, et y mettre tout ce que je pourrais de figures de styles, de jeux de langage, de formules prétentieuses mais là, contre toute attente, c'est la panne sèche.
Un quart d'heure à peine après le final cut de The Frame, le dernier film de Jamin Winans (Ink), je suis toujours sans mots, toujours en train d'essayer de digérer, intellectuellement comme émotionnellement, les deux heures qui viennent de passer sur un nuage.
J'attendais énormément de ce film. Autant, sinon beaucoup plus, que je n'en attendais d'Interstellar.
Quelque chose d'unique, de profond, de puissant, d'imprévisible. Quelque chose de nouveau, qui saurait m'embarquer, sans réserve, en dépit de mes bientôt 40 années au compteur. Qui ferait fi des sentiments de déjà-vu, et pas dans la demi-mesure. Qui me rappellerait par l'exemple ce que c'est que d'être créatif, ce que c'est que d'être scénariste, ce que c'est que de faire du cinéma.
J'avais mis la barre haut, par dépit autant que par volonté d'y croire. Sans grand espoir, mais avais-je seulement le choix ? Jamin Winans semblait le seul à pouvoir encore exaucer mes voeux.
Et puis voilà.
Paf.
Dans mes dents.
The Frame n'est pas seulement le plus grand film de 2014, ou de ces cinq dernières années. The Frame est un chef d'oeuvre. Un des films les plus remarquables, les plus bluffants, les plus immersifs qu'il m'ait été donné de voir - et pourtant, Dieu sait que j'ai pu en voir ! -, un film d'une ampleur, d'une ambition formelle impossible à décrire, à définir. Une expérience. Généreuse, humble, sincère et pourtant, supérieure en tous points à la plupart de celles que vous avez pu vivre, pour peu que vous y soyez sensibles.
Ink était déjà un modèle, en dépit de son peu de moyens. The Frame remplace le coeur par la raison, le viscéral par l'intellect mais parvient, dans un autre registre, a réitérer le miracle.
Et s'offre même le luxe d'être plus réussi.
J'avais mis la barre aussi haut qu'il était humainement concevable de le faire. Jamin Winans m'a prouvé par l'exemple que je n'attendais pas encore assez.
Il m'a botté le cul avec un talent dingue.


Alors le cul de la concurrence, c'est vous dire s'il prend cher.


(ça, c'était l'avis à chaud. Pour la chronique, c'est par là : http://www.gameblog.fr/blogs/liehd/p_110445_decouverte-cine-the-frame-s-il-fallait-n-en-voir-qu-un-en-20 :)

Liehd
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Top 10 Films et Ces films ne sont pas tout seuls dans leurs têtes...

Créée

le 22 nov. 2014

Critique lue 8.2K fois

24 j'aime

19 commentaires

Liehd

Écrit par

Critique lue 8.2K fois

24
19

D'autres avis sur The Frame

The Frame
Liehd
10

Le film que tout le monde va vouloir détester pour se démarquer.

Bon. J'ai voulu écrire des trucs rigolos et un peu geeks comme "vieux con blasé no more", ou des trucs de fanboy enthousiaste comme "Putain. Mais. Quelle. Leçon", ou des pavés abscons plein de...

le 22 nov. 2014

24 j'aime

19

The Frame
Marie-Lys_Duguay
9

Se prendre une claque par hasard

Cherchant un film à regarder et n'ayant aucune idée de ce que je voulais voir j'ai été attirée par la drôle de description qui était faîte de The Frame : " Aucune synopsis officielle a été dévoilée...

le 20 déc. 2014

23 j'aime

1

The Frame
Cerys
9

Si le monde était un écran, nous en serions les images...

Il y a quelqu'un qui vit dans ma télé. C’est un humain sans visage. Sans âme si ce n’est des images. Une suite d’illustrations le forme et n’a pour seule logique que la lecture analytique à...

le 16 sept. 2016

17 j'aime

15

Du même critique

Black Mirror
Liehd
5

En un miroir explicitement

Avant d'appréhender une oeuvre comme Black Mirror, il convient de se poser la question qui fâche : pourquoi un auteur se pique-t-il de faire de l'anticipation ? Réponse : parce que c'est un genre "à...

le 7 mars 2016

104 j'aime

37

Coherence
Liehd
8

C'est dans la boîte !

Leçon de physique quantique, appliquée au cinéma : L'expérience est simple. Enfermez huit acteurs de seconde zone, cinq nuits d'affilée, dans votre pavillon de banlieue, isolez-les de l'extérieur,...

le 19 mai 2015

99 j'aime

Andor
Liehd
9

Le Syndrome Candy Crush

Puisqu'on est entre nous, j'ai un aveu à vous faire : au départ, je ne voulais pas regarder Andor. Après avoir tourné la page Obi Wan, et usé de toute ma bienveillance partisane à lui trouver des...

le 31 oct. 2022

92 j'aime

26