N'ayant nullement entendu parler de cette histoire avant la sortie du film, celui-ci semblait être le moyen idéal pour rattraper ce manque, surtout au vu du joli casting et du bon (un peu moins ces dernières années) Jason Reitman derrière la caméra. « The Front Runner » sait d'emblée trouver un ton juste, sobre nous permettant d'être pleinement intéressé par ce récit dont on a beau connaître la fin, n'en reste pas moins habile et bien mené.
Classique, sans doute, linéaire, mais doté d'un scénario écrit avec soin, le ton constamment nuancé, presque fataliste, apparaissant bien adapté pour raconter cette histoire plus triste qu'autre chose, certes sans morts ni blessés, mais ayant précipité la chute politique d'un homme de qualité, possible futur président des États-Unis. L'équilibre est bon entre les équipes de campagne et journalistiques, le ressenti de chacun apparaissant avec précision pour un constat globalement unanime : l'intrusion dans la vie privée, ayant pris depuis une importance encore plus grande, n'a rien à voir avec la politique, conclusion que je partage à 100%, ce qui n'empêche nullement d'y avoir recours puisque cela fait vendre...
Si certains aspects auraient sans doute mérité d'être un peu plus fouillés, tandis que le casting secondaire fait le job sans être marquant (la splendide Vera Farmiga et J.K. Simmons nous avaient notamment habitués à mieux), Hugh Jackman est impeccable en candidat utra-charismatique, compétent et profondément sincère dans sa démarche, déchu pour une erreur qu'il n'aurait jamais dû commettre (surtout lorsqu'on est marié à la belle Vera, en passant!). Une œuvre habile, n'atteignant évidemment pas la maestria des « Hommes du président » ou autres grands titres politiques, mais intelligente, éclairante sur le basculement d'un certain rapport aux médias, voire à la démocratie en général. Du bon boulot.