Ce film est particulier à mes yeux car il parle d'un métier qui est (très) cher à mon cœur : aide-soignant. Le sujet étant très peu traité par le cinéma, je m'y suis donc jeté dessus, et au-delà de la profession, c'est une histoire assez touchante sur un jeune homme qui apporte du soin à son aide-soignant et inversement.
Paul Rudd incarne un ancien écrivain, frappé d'un drame personnel dont on connaitre les tenants et aboutissants, décide de devenir aide-soignant à domicile afin, d'une part, d'apporter son sens de l'empathie auprès des personnes malades, et aussi d'échapper à une injonction de divorce lancée par son ex-épouse. Son premier travail est de s'occuper d'un garçon de quinze ans, atteint de la Myopathie de Duchenne, une maladie génétique rare qui, en gros, frappe les muscles, et condamne la personne en fauteuil roulant, lui laissant une espérance de vie guère longue. En l'absence de sa mère, qui travaille, ce garçon est quelqu'un qui reste toujours chez lui, d'un grand cynisme, à rejeter les autres et l'arrivée de Paul Rudd va lui permettre de vivre à nouveau des sensations qu'il pensait disparues.
Quelque part, nous sommes proches du feel-good movie, et aussi d'un road-movie, où l'aide-soignant va faire traverser plusieurs États au jeune homme afin, au départ, de voir la plus grosse vache du monde, mais surtout, histoire de lui faire découvrir d'autres choses que sa maison.
La déformation professionnelle aidant, j'ai été très attaché au métier d'aide-soignant tel qu'il est représenté dans le film, et s'il est très étonnant d'avoir en Amérique son diplôme après six semaines de formations (en France, il y en a pour dix mois), les gestes effectués par Paul Rudd sont très justes à part que lui franchit une barrière : à savoir s'attacher à son patient. Bien entendu, c'est toujours difficile de ne pas s'attacher à quelqu'un dont on peut s'occuper durant une longue période, mais les deux sont dans une espèce de démarche où le malade guérit, en quelque sorte, la personne qui s'occupe d'elle, et l'inverse produit des soins, l'aide à lui prendre des médicaments, en somme à s'occuper plus de lui que sa propre mère ne le peut.
L'arrivée de Selena Gomez fonctionne aussi comme un vecteur d'émotions chez ce jeune homme, car à peine se rencontrent-ils la première fois qu'elle lui demande si, malgré sa condition, il peut encore bander ! A l'image de cette scène, le film est souvent grossier, mais ça marche comme une espèce de soupape chez le malade, qui n'a pas d'autres armes que l'insulte.
Plus tard, il y aura aussi l'arrivée d'une quatrième personne sur le bord de la route, une femme enceinte, et là, j'ai trouvé ça un peu lourd, comme une espèce de catharsis par rapport au personnage de Paul Rudd.
Mon regard est peut-être biaisé par rapport à mon (futur) métier, mais j'ai trouve ça très juste, avec ce qu'il faut d'émotions, et sans tomber dans le voyeurisme d'un garçon malade, pour qui se sera le voyage de sa vie.