collectionneur de maisons de poupées, amateur de trains électriques et expert en musique traditionne

Au début – et pourrait-on dire – pendant une grande partie du film, on se demande ce qu’on est venu faire dans ce Grand Budapest Hotel. Trop rococo, trop chargé, trop poli pour être honnête… Mais n’est-ce pas le sort de tous les films de Wes Anderson ? Depuis que nous nous sommes rencontrés, famille Tennenbaum, Commandant Cousteau et autres Trains indiens, nous sommes dans une forme d’embarras gêné.

Car nous avons bien le sentiment d’entrer dans la tête d’un grand maniaque, collectionneur de maisons de poupées, amateur de trains électriques et expert en musique traditionnelle hongroise. D’être, à chaque film, face à un enfant dans un corps d’adulte. Le petit cousin texan, comment dire… différent.

De fait, on met un peu de temps à entrer dans le film, avec ses habituels plans perpendiculaires, et ses non moins obligatoires travellings parallèles. Ce sens incroyable de la composition de l’image. Cette minutie graphique des costumes et des décors (avec, par exemple, des chaussettes accordées aux enjoliveurs des voitures…) Ce casting all star, la famille Anderson (Adrien Brody, Harvey Keitel, Bill Murray, Edward Norton, Jason Schwartzman). Plus un jeu de cache cache à découvrir les invités de ce film-ci… Oh, mais ça ne serait pas la petite Seydoux ?

Encore un qui n’a pas lu l’Evangile selon Saint Hitchcock. Car tout ce parasitage n’aide pas à s’intéresser aux personnages.

Mais bon, petit à petit, l’univers du Grand Budapest Hotel s’installe, et on commence à s’intéresser à cette rocambolesque histoire de captation d’héritage, de fils proto nazi, et de maître d’hôtel gigolo. Et de s’enthousiasmer devant les innombrables défis que s’est fixé Wes Anderson : parodie de James Bond, parodie de La Grande Evasion, parodie de Scarface : tout y passe.

Mais là, n’est pas le génie de Wes Anderson. Si c’est un grand formaliste, un obsédé du détail graphique, comme Tati, le texan parisien est aussi un amoureux de l’humanité. Qu’il dénonce les troubles familiaux, qu’il moque gentiment des institutions (le Scoutisme ou le Commandant Cousteau), il y a toujours un cœur qui bat dans les films de Wes Anderson.

Comme il avait su nous prendre avec Bill Murray dans La Vie Aquatique, marchant avec un enfant sur les épaules, tandis que retentissait un tonitruant Life on Mars, c’est à la toute fin que The Grand Budapest Hotel nous assène son coup de grâce. Après avoir aimablement moqué une avant-guerre d’opérette, avec ses royaumes Mitteleuropa de pacotille, et ses nazis en toc, Anderson nous ramène soudain à la réalité avec un hommage à Stefan Zweig, rappelant au passage que ces événements s’étaient vraiment déroulés, quelque part au cœur de l’Europe, il y a soixante-dix ans.

Magnifique.
ludovico
9
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le 28 mars 2014

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ludovico

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