Serait-ce devenu une coutume de démarrer une année avec une comédie musicale ? L’année dernière, nous avions le brillantissime La La Land. Et là, c’est au tour de The Greatest Showman d’ouvrir le bal. Alors attention, bien que je commence cette critique en citant le film de Damien Chazelle, il serait très malvenu de comparer et de mettre sur un pied d’égalité les deux longs-métrages, tant ils diffèrent. Alors que le premier se présentait à nous sous la forme d’un hommage et d’une critique du genre (ainsi que de l’âge d’or hollywoodien) avec un statut de film d’auteur, le second est littéralement un spectacle grandiose tendance blockbuster n’ayant qu’un seul but : divertir le public. Et même si le tout sent le cliché comme pas possible (vous allez voir pourquoi), The Greatest Showman est sans aucun doute le titre de ce début 2018 que l’on aura plaisir à voir et revoir dans les années à venir.


Bien entendu, beaucoup pesteront sur certains points (comme le font actuellement certains membres de la presse, aux vues des critiques professionnelles), à savoir l’aspect hautement classique du scénario. Bon, il faut bien avouer que le tout s’inspire de l’histoire vraie d’une personne ayant existé (P.T. Barnum et son fameux Cirque). Il est donc difficile, dans le cadre d’un (semblant) de biopic, de faire dans l’originalité. Mais dans le terme « classique », je veux surtout dire « typiquement hollywoodien ». Une qualification qui se justifie principalement sur des archétypes mille fois vues et qui peuvent agacer. Comme, principalement, des répliques d’une niaiserie dégoulinante (« Grâce à toi, j’ai perdu un titre, une invitation à chaque soirée, un renom. Maintenant, j’ai l’amitié, l’amour et un métier que j’aime ») qu’il en devient très facile de rire malgré la situation. Des séquences qui suintent d’héroïsme (l’incendie du Cirque) et de bons sentiments (les plans sur la plage) à outrance. Ou encore des compositions orchestrales beaucoup trop appuyées pour accrocher. Bref, The Greatest Showman a tout du pur produit hollywoodien que l’on a pour habitude de descendre afin de se donner bonne figure auprès de certains cinéphiles.


Mais en prenant en compte le rendu final et la citation qui clôture le film, ce dernier n’a qu’une seule ambition : apporter de la joie, du bonheur à son public. Et cela, The Greatest Showman le fait avec une générosité et un savoir-faire tout bonnement imposants. Son aspect hollywoodien, le film l’assume pleinement pour livrer ce que son personnage principal ferait dans une telle occasion : offrir à son public du spectacle. Donc, au Diable le manque de crédibilité (rejoindre sa famille au théâtre à dos d’éléphant) et l'irrespect de la réalité (les personnages du partenaire et de la trapéziste ont été inventés pour les besoins du film) – car, finalement, le tout ne se présente pas comme un biopic –, place au grand divertissement qui transporte ! Qui permet de s’évader quand le quotidien peut se montrer assez morne. Mise en scène certes impersonnelle mais ô combien virevoltante, casting cinq étoiles totalement investi dans le projet, décors et costumes forts sympathiques (malgré des effets spéciaux par moment bien baveux), des séquences chantées et dansées tout simplement impressionnantes et géniales, des chansons dans leur majorité véritablement mémorables… The Greatest Showman propose tout ce qu’une comédie musicale à grande échelle (budget conséquent, moyens mis à disposition, acteurs prestigieux…) se doit d'être, à savoir un show dans toute sa splendeur. Un immense spectacle qui accroche dès la première seconde grâce à sa classe et son énergie, et qui ne vous lâche pas une seule fois, même après son visionnage (c’est pour dire !). Et – il faut bien se l’avouer – depuis le temps où l’on attendait de voir Hugh Jackman tenir l’affiche d’un tel projet (je ne compte pas Les Misérables de Tom Hooper, véritable déception pour ma part), cela valait vraiment le coup d’attendre !


Et même si j’ai décrié la simplicité du scénario plus haut, ce dernier n’est pas vide de sens pour autant. Car au-delà du spectacle et du classicisme, le long-métrage profite du « business » de son personnage (les freak shows) pour prôner l’égalité et l’acceptation des différences comme thématiques. Ce n’est pas neuf comme sujets, mais dans un tel film, cela fait toujours plaisir d’avoir un fond rappelant qu’il est malsain de juger une personne sur ses différences, quelles soient physiques (Noir, Blanc, petit, grand, maigre, gros….) ou bien sociales (nous avons le face-à-face entre Barnum, fils de tailleur, contre son beau-père, bourgeois pur et dur). Car elle reste un être humain qui doit être traité comme tel et non comme un monstre, un paria. D’ailleurs – petite remarque personnelle –, je trouve dommage que, bien qu’il mette en valeur ce thème, The Great Showman n’aille pas plus loin dans la représentation des fameux freaks. Qu’ils ne soient pas plus mis en avant que cela (ils sont plutôt secondaires) pour appuyer encore un peu plus le propos.


Sans doute pas le meilleur film de l'année (surtout qu'elle vient tout juste de commencer à l'heure où ces lignes sont écrites), il est néanmoins évident que The Greatest Showman est une véritable bouffée d'air frais bienvenue. Le grand spectacle à l'état pur, qui réchauffe le cœur et vous gratifie d'une bonne humeur sans faille. Il serait même judicieux pour les grands studios de revenir un peu plus à ce genre de divertissement, afin de nous permettre de nous évader. D'oublier le parfois cruel train-train du quotidien. Peut-être pas de l'user jusqu'à la corde (comme c'est actuellement le cas avec les super-héros), mais au moins d'en proposer un par an, pour démarrer une nouvelle année en pleines festivités.


Critique sur le site https://lecinedeseb.blogspot.com/2019/01/rattrapage-2018-greatest-showman.html

Créée

le 30 janv. 2018

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