(c'était ça ou "Cannibal Eli-cost", hein!)


C'est probablement la série Helmlock Grove qui m'a redonné un peu d'espoir quant à Eli Roth, cet Eli Roth dont j'avais détesté Cabin Fever (critique à l'appui ), plutôt aimé les Hostel mais sans plus, à la juste mesure du divertissement voyeur qu'ils représentaient, bien que le réalisateur ait à l'évidence des prétentions autres.


Plutôt du coté de la déception jusqu'alors niveau filmographie , j'ai malgré moi été "hypé" par cet hommage avoué au grand Cannibal Hollocaust, film qui continue injustement d'être classé aux cotés des bisseries comme le médiocre Cannibal Ferox (dont la seule scène valable reste celle dont est tirée l'affiche, c'est dire!), alors que le film réussit à être à la fois novateur niveau formel - en instaurant les codes du found footage des décennies avant le sympathique Blair Witch -, spectaculaire en matière d'effets spéciaux, offrant des scènes ayant, selon la légende, tant fait débat que les responsables des effets spéciaux ont dû, lors d'un procès, prouver que personne n'était mort durant le tournage en révélant leurs ruses, tout en proposant une critique de fond, politique, médiatique et sociale.
Pas mal, quand même, non ?!
Donc oui, ça m'agace de le voir réduit au grand frère de Cannibal Ferox.
Parenthèse fermée.


J'ai donc été hypé, parfaitement, alors que je connaissais la capacité à décevoir d'Eli Roth. Mais j'avais pu goûter à son sens de l'imagerie gore dans les Hostel, ainsi qu'à son humour noir souvent déplacé dans Cabin Fever, ainsi que sa cataclysmique absence de sens du rythme toujours dans le même Cabin Fever.
Et l'on sait que le larron revendique sa culture bis versant horreur à la façon d'un Tarantino pour le polischetti, le film de kung fu et le Wu Xia.
Donc que dire de son Green Inferno au final ?


Sorte de Kill Bill façon Eli Roth - dans le sens où Kill Bill était un manifeste de goût déguisé en film - Eli nous dit simplement "hé, regardez, j'ai vu Cannibal Holocaust et j'ai tout compris, même!".


Et effectivement, il a tout compris, nous offrant un petit brûlot politique mâtiné d'une critique des poseurs et des attention-whore qu'on trouve chez les activistes faisant écho à la critique des media de Deodato.
Il sait nous offrir des scènes de tension réelle, et quelques pics de gore qui laissent néanmoins sur notre faim, surtout lorsqu'on a vu le film de Deodato.
Car c'est tout le défaut de Green Inferno : il vient après Cannibal Holocaust, 40 ans après. Et il fait tout pareil, en moins bien, en moins tendu, en moins trash, avec un rythme bancal de surcroit, et l'humour léger comme une tartine nutella-saindoux sur lit de margarine du père Roth.
Mais c'est aussi la qualité de Green Inferno : il vient 40 ans après Cannibal Holocaust, dans un paysage horrifique qui s'est édulcoré, à une époque où même les zombie dansent avec le PG12, à force d'assagissement et de bankabilité. Green Inferno ose, dans un contexte où l'on préfère la tiédeur faussement provocatrice.
Green Inferno est terminé depuis 2013 mais ne trouve le chemin de la distribution qu'aujourd'hui, et en "e-cinema", sorte de footage de gueule, de mot classouille déguisant une simple VOD.
Donc Green Inferno est un film qui a osé, et rien que pour ça, ça me donne envie d'être indulgent.
Ce n'est pas le film que j'attendais, il est moins bon et moins trash que celui qu'on m'a vendu - la hype Mad Movie y est pour quelque chose -, mais c'est quand même un vrai film de cannibales comme on en fait plus, bien branlé, bien filmé, avec sa tension et ses belles images, ses acteurs qui tiennent la route.


Donc j'ai envie de défendre ce film, malgré son résultat en demi-teinte. Voilà.

toma_uberwenig
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le 19 oct. 2015

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toma Uberwenig

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