J'ai loué ce film un soir de détresse, me laissant naïvement guider par sa plutôt bonne réputation, et le fait que Lynch soit à la production je crois.
Une heure plus tard, étouffé par l'ennui, j'ai arrêté le film. Je n'avais plus longtemps à tenir pourtant, mais le sentiment de trahison était tellement intense, ma colère tellement légitime, que je décidai d'en rester là.
Comme certains aiment à le dire entre autre sur Imdb : "voici 60 minutes de ma vie que je ne récupérerai jamais" (sans compter l'aller-retour au distributeur).

Bon, en guise de témoignage et d'avertissement, le petit texte ci-dessus pourrait suffire, à défaut d'être une critique en bonne et due forme.
Mais voilà, mon histoire ne s'arrête pas là...

Quelques mois plus tard, je cherche parmi le stock de cette même minable borne vidéo dans l'espoir de trouver je ne sais plus quelle nouveauté, déjà louée bien entendu.
Pas de second choix en tête, je me décide à essayer un film dont le titre me disait quelque chose, produit par Lynch paraît-il...
Il m'aura fallu une bonne demi heure de visionnage pour me dire "merde, qu'est ce que c'est chiant... Attends voir, ce sentiment me rappelle quelque chose... Je me suis emmerdé spécifiquement de la même façon il y a pas longtemps... NOOOOOON!!!!"
Et pourtant si, ce film était tellement barbant, insignifiant, qu'il n'en subsistait aucune trace dans ma mémoire!
J'avais effacé jusqu'au titre de cette bouse infâme.
Pire encore, ce ne sont pas les scènes du film, l'histoire qui m'ont fait me souvenir de ce premier visionnage, mais la nature et la profondeur de l'ennui qu'il avait déclenché en moi!

Trahi deux fois en moins d'un an par le même film, la même hype, j'avoue que ça ne m'était jamais arrivé.
Ai-je subi un lavage de cerveau entre temps ? Peut-être après tout.

Toujours est-il que la seule chose qui m'a sauvé d'un second visionnage, ce n'est pas l'imagerie du film, ni une scène choc, ni même un acteur.
Non, ce sont uniquement la fadeur ambiante, l'insignifiance extrême du film, et ce mélange unique d'ennui, d'agacement et cette odeur de trahison qu'il a soulevé en moi.


Borgès dit dans une de ses nouvelles que si les conditions d'un évènement, les sentiments que ce dernier soulève en nous, les couleurs, les odeurs, tout ce qui fait la singularité de cet évènement se répètent, rien ne nous permet de distinguer ces deux moments, et que donc le temps n'existent pas.
J'avais été touché par cette nouvelle, pas cette belle idée, joliment amenée comme c'est souvent le cas chez Borgès.

Je ne m'attendais néanmoins pas avoir la chance de faire l'expérience de cette théorie poétique dans la vraie vie, encore moins devant cet échec cinématographique total.

Mais ce film a eu au moins une raison d'être dans ma vie, me prouver que Borgès avait raison.

A éviter, sauf si vous désirez voyager 98 minutes dans le futur par les voies obscures de l'ennui et du refoulement.

toma_uberwenig
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le 30 mai 2011

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toma Uberwenig

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