Les américains semblent indéfiniment marqués par le western. Depuis "Impitoyable" le genre reviens et inspire plutôt bien des grands noms du cinéma. Kevin Costner (Open Range), Clint Eastwood évidement et déjà Tommy Lee Jones (Trois enterrements) ont signés des œuvres classiques du genre, chiadées mais tourmentées. Plus récemment les frères Coen (True Grit) et Tarantino (Django Unchained) ont réussi le tour de force de rénover le genre en y restant fidèle. Avec sa légèreté et sa simplicité ce deuxième film de Tommy Lee Jones s'inscrit d'avantage dans cette veine.
Son intrigue se construit sur la forme d'une épopée digne des westerns originels. Pas de philosophie surabondante, mais tout de même une aventure riche humainement. La relation que ce western raconte est un peu convenue et téléphoné dans son évolution mais sa façon de le faire est originale et intéressante dans l'écriture des personnages. "The Homesman" répond complètement aux codes du western avec une modernité qui dépoussière le propos. Les rôles sont atypiques et donc touchants et amusants. Il est en effet rare de voir une femme qui porte la culotte dans un western. Marry Bee est prude mais surtout très masculine, jusqu'à la prénomination elle renvoie à Mary Read. Comme cette célèbre femme pirate elle se voit confier une tâche habituellement donnée aux hommes. Ce pied de nez à la théorie du genre est bienvenue en cette pèriode et surtout dans un western. Dommage que dans l'évolution du parcours et de la personnalité du personnage d'Hilary Swank ce ne soit pas franchement assumé. Les rôles féminims livrent tous une immense fragilité. Ces failles béantes laissent pour autant de la profondeur à ces dames troublantes. George Briggs et l'attachement pour Mary Bee qui le gagne peu à peu sont au service de l'hommage fait aux femmes dans "The Homesman".
Tommy Lee Jones fait à la fois de ce personnage un clown et un vecteur d'admiration. Jusqu'à sa dernière danse il amuse la galerie. Le mot pour rire, la tronche en biais et un corps en agitation burlesque et désarticulée. L'acteur donne de son cœur et de son corps à ce cow-boy solitaire. C'est sur sa dernière rencontre du film que l'affection de son personnage pour celui d'Hilary Swank devient le plus évident. Une fois sa quête remplie il ère sans but, si ce n'est celui de rendre hommage à cette femme qu'il admire. La grande scène d'échange avec Hailee Steinfeld est touchante et illumine un héritage dans la fiction comme à la vie. La jeune actrice révélée par les frères Coen dans un autre western, le déjà cité True Grit, semble être la nouvelle Hilary Swank d'Hollywood. Au-delà des initiales en commun il y a une certaine ressemblance physique et leur jeu similaire alimente cette mimétisme et possible succession. La "mentor" Hilary Swank retrouve un rôle à sa mesure et elle aussi est à la fois émouvante et cocasse.
Gros loupé en revanche sur l'utilisation du numérique qui gâche quelques très belles images, l'ouverture paysagée notamment. Des arrières plan sans profondeur qui sonnent faux tellement ils sont colorisés et lumineux. Cela manque de dimension et d'authenticité.
Souvent dépassé, limité ou pédant, le western est ici allégé et ce suffit à l'essence du genre. Une aventure prenante et divertissante.