9 ans après son très réussi "Trois enterrements", son premier film, Tommy Lee Jones revenait derrière la caméra avec ce western mélancolique.


Le scénario nous fait passer de la comédie au drame avec une aisance qui force le respect tous en respectant scrupuleusement les codes du western, ce qui offre un récit classique mais peu orthodoxe qui arrivera même à surprendre par les risques que celui-ci prend. Ici le récit traite de sujet universelle rarement exploité dans ce genre de films comme la folie, la solitude et l'isolement et en cela il va créer un des plus beaux portraits de femme du cinéma car avant tous c'est un film féministe que nous livre Jones, un féminisme brutal et désespéré. On ne peut qu’être touché et ému par ce crie de colère que pousse Jones face à une société qui broie les femmes, elles croulent sous les responsabilités sans avoir le droit de se plaindre, elles doivent constamment rester forte et souffrir en silence alors que les hommes ne sont que des pleurnichards lâches et faibles qui ont constamment besoin de ses femmes fortes pour les remettre dans le droit chemin et qu'ils montrent toute la noblesse dont ils sont capables. Ce message est donc toujours d'actualité car le traitement subi par ces femmes à cette époque n'est pas totalement différent du traitement qu'elles subissent actuellement. De plus traité ce sujet sous l'angle de la folie et du désespoir permet de composer des personnages intéressants et totalement bien écrit notamment le duo principal qui apprendront à ce connaitre et à s'amadouer.


Mary Bee Cuddy, personnage principal du film, est donc une femme solitaire et pragmatique, elle ne veut pas ce marier par amour mais par pur besoin pratique, ce qui rend incroyablement complexe cette femme au grand cœur mais qui est rude et autoritaire, on ne saisira que rarement ce personnage à la personnalité forte et à la carapace dur qui sera d'ailleurs à l'origine d'une des surprises la plus déstabilisante et brutale du film. Pour George Briggs le traitement est différent mais tous aussi réussi, d'abord noyau comique du récit grâce à son introduction hilarante, il se montrera comme un personnage lâche avant d’apparaître pour ce qu'il est vraiment une caricature du monde dans lequel il vit. Lui aussi en a vue trop dans sa vie mais il a décide de tout laisser tomber, il n'a plus d'attache et il fuit constamment lorsqu'il commence à être trop impliqué émotionnellement, c'est un personnage juvénile qui se protège derrière l'humour. Il est remarquablement écrit et son parcours psychologique est un des plus intéressants du film. Il est par contre dommage que certains aspects du récit soit trop classique et qu'un certain académisme ce dégage de l'ensemble surtout après avoir composer des personnages aussi attachant, avoir traité de la folie avec une justesse et une pudeur émouvante ainsi que de nous avoir bluffer en nous détournant du vrai désespoir avant de nous le jeter à la figure sans concession ce qui créer un des plus beaux et des plus surprenants chocs du cinéma depuis bien longtemps. Le casting est sinon impeccable même dans les plus petits rôles notamment Meryl Streep qui est excellente mais on retiendra surtout Hilary Swank qui est bouleversante de maîtrise et de justesse, Tommy Lee Jones dans un de ses meilleurs rôles qui montre un talent comique insoupçonné ainsi qu'une gravité saisissante sans oublier les trois actrices qui ont jouer les femmes folles qui ont des rôles difficiles et qu'y s'en sortent à merveille.


Pour la réalisation on notera la magnifique photographie de Rodrigo Prieto ainsi qu'une excellente excellente partition musicale. Sinon le mise en scène de Jones est très classique même si il à le mérite de filmer la folie de face sans jamais détourné le yeux, ce qui nous gratifie de scènes chocs d'une brutalité parfois insoutenableet il offre même un morceau de bravoure magnifiquement filmé caméra à l'épaule, la revanche à l'hôtel.


En conclusion "The Homesman" est un très bon western qui arrive même à transcender son genre pour trôner aux panthéons de ceux-ci, malheureusement certains défauts l’empêche d’être le chef d'oeuvre qu'il aurait pu être.

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le 18 nov. 2015

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Faruko

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