(ultra) Light my fire
Il se passe clairement quelque chose dans le cinéma de genre américain, et après une série de réussites réjouissantes (It Follows, Hérédité, The Witch), on est nombreux à attendre de voir se...
le 18 déc. 2019
137 j'aime
19
Voilà un film pour le moins clivant : "le pire film que j'aie vu depuis longtemps" selon Michel Ciment, "une daube, une bûche" selon Xavier Leherpeur au Masque et la Plume, unanimes pour clouer le film au pilori. Magnifique pour le site avoiralire, "un film qui fera date". Tout film a l'ambition esthétique s'expose à ces réactions épidermiques. Certains s'extasient, d'autres n'y voient que vaine prétention.
Il me semble pour ma part difficile de nier totalement les qualités plastiques du film. Les plans sont travaillés : cette étrave qui fend l'eau (premier plan du film), les plans de mouettes face à Ephraïm, les plans d'escalier, d'une grille en contre plongée, d'une merveilleuse sirène ouvrant les yeux... De beaux panoramiques aussi, dans l'habitacle des deux hommes, du phare, de l'escalier en colimaçon... Pour moi, il y a vraiment du cinéma, ce n'est pas qu'esbroufe. Même si, en effet, on sent un peu le côté : "vous avez vu comme c'est beau mon cinéma ?"...
Non, le vrai problème du film n'est pas la forme, mais le fond. Ce globiboulga totalement indigeste, mélange de fantastique, de gore (sang, vomi, sperme...), de sentences "profondes" sur la vie, et d'horreur... Incompréhensible et très répétitif. On se raccroche à la beauté formelle du film, mais ce face à face où nos deux acteurs, quoiqu'excellents, cabotinent quand même pas mal, finit par lasser, à la Xème scène de beuverie. Le meilleur moment du film est, à mes yeux, la scène d'onanisme onirique (trop tentant !) où les images se succèdent dans un kaléidoscope, de Ephraïm tout à son affaire, du même faisant jouir la sirène, du même remontant un filet, d'images de tempête.
On a évoqué l'influence de Polanski (sa trilogie de l'horreur des débuts), Kubrick (Shining), Scorsese (Shutter Island). Pas faux. J'ai pensé, bien sûr aux Oiseaux de Hitchcock, mais aussi à Finis Terrae de Jean Epstein. Faute d'un propos un peu cohérent, d'un peu de modestie aussi, ce film-là est loin d'atteindre ces sommets : il reste en bas du phare. Dommage, car ce cinéaste n'est pas dénué de talent.
Créée
le 16 janv. 2020
Critique lue 247 fois
D'autres avis sur The Lighthouse
Il se passe clairement quelque chose dans le cinéma de genre américain, et après une série de réussites réjouissantes (It Follows, Hérédité, The Witch), on est nombreux à attendre de voir se...
le 18 déc. 2019
137 j'aime
19
L’affluence extraordinaire laissait déjà entendre à quel point The Lighthouse était attendu lors de ce Festival de Cannes. Sélectionné pour la Quinzaine des Réalisateurs, le film de Robert Eggers...
Par
le 20 mai 2019
82 j'aime
10
Dès l’annonce de sa présence à la Quinzaine des Réalisateurs cette année, The Lighthouse a figuré parmi mes immanquables de ce Festival. Certes, je n’avais pas vu The Witch, mais le simple énoncé de...
Par
le 20 mai 2019
77 j'aime
10
Du même critique
[Critique à lire après avoir vu le film]Il paraît qu’un titre abscons peut être un handicap pour le succès d’un film ? J’avais, pour ma part, suffisamment apprécié les derniers films de Cristian...
Par
le 6 oct. 2023
21 j'aime
5
Les Belges ont les frères Dardenne, les veinards. Les Anglais ont Ken Loach, c'est un peu moins bien. Nous, nous avons Robert Guédiguian, c'est encore un peu moins bien. Les deux derniers ont bien...
Par
le 4 déc. 2019
16 j'aime
10
Voilà un film déconcertant. L'argument : un père et sa fille vivent au milieu des bois. Takumi est une sorte d'homme à tout faire pour ce village d'une contrée reculée. Hana est à l'école primaire,...
Par
le 17 janv. 2024
14 j'aime
3