La cité perdue de Z a l’ambition de raconter l’obsession d’un homme pour une civilisation amazonienne disparue dont il souhaite prouver l’existence à une communauté de géographes et d’ethnologues sceptiques. Pour ce faire, il entreprend de multiples voyages dans la jungle. Le film promet de l’exotisme, il en donne. Il promet des forêts luxuriantes et des tribus indigènes, il en donne. Il promet de la boue, de la fièvre et du sang, il en donne. Il ne promet pas de drame familial dans l’Angleterre du début du XXème siècle, mais il en donne aussi. Il est assez difficile de prendre le scénario en défaut, tant il semble chercher à traiter des moindres aspects de son histoire. Ainsi, au delà de la monomanie du personnage principal et de ses effets sur sa vie, il aborde également le racisme colonial occidental de l’époque, et même, le temps d’un très bref dialogue, la misogynie de cette société. Un récit très complet donc, probablement hérité du roman dont le film est adapté. À l'écran, la reconstitution est impeccable tant dans les décors et les costumes que dans la photographie et le choix des acteurs. Le duo formé par Charlie Hunnam et Robert Pattinson, tous deux très charismatiques, contribue par l'attachement que l'on se prend pour eux, à nous immerger dans leurs périples au cœur de la jungle. Malheureusement, il manque à l'ensemble un souffle qui lui permettrait de produire la fresque épique qu'il voudrait certainement être. Peut-être est-ce dû à la structure du film qui alterne les scènes d’exploration sauvage et celles plus corsetées en Angleterre avec la régularité d’un métronome. Le fait est que le film n’explore jamais vraiment la folie qu’implique ce genre d’entreprise. L'obsession du héros n'est finalement traitée qu'en surface, et les séquences en Amazonie, pour belles qu'elles soient, ne sont ni fiévreuses ni intenses, probablement parce qu’elles ne durent jamais suffisamment longtemps. Même constat pour les effets de cette chimère sur la famille du héros : les disputes sont présentes, mais aucune véritable épreuve familiale, tant les conflits sont vite résolus pour passer à la suite du programme. Tout paraît avoir été calibré pour que l'on comprenne ce que vivent les personnages, mais à trop contrôler le récit, on perd on immersion ce que l'on gagne en clarté. Dommage, on n'est pas passé loin d'un classique.

IanCher
7
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le 3 juin 2017

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IanCher

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