The Lost City of Z par Kalos

The Lost city of Z est sans doute le film le plus impersonnel et académique qu’ait tourné Gray jusqu’à présent. Fini les tragédies familiales dans les banlieues américaines, place au récit d’aventure, entre la vieille Europe et la jungle amazonienne.

Pas de réelles fausses notes (exceptées quelques grossières lourdeurs: le placement jaguar ou piranha pour bien nous faire comprendre que la jungle est très hostile; ou encore la remarque de Mme Fawcett sur la place des femmes à l’écart des hommes lors de la conférence de son mari, alors que le plans suffit à le faire comprendre) l’exploration suit son cours, entrecoupée par les retours en Angleterre et le front samarien. Mais cela manque d’empathie, de passion, de grandeur. Si l’on perçoit le désir d’ambition et de revanche sociale qui anime Fawcett, on a du mal en revanche à ressentir sa soif de découverte et d’inconnu. Le caractère transcendantal et fou qui pousse tout explorateur à endurer tant de privations et de souffrance n’est pas filmé par Gray. Peut-être est-ce dû aussi en partie à l’interprétation quelque peu limitée de Charlie Hunnam, qui est loin de la finesse de celle de Joaquin Phoenix.

Tout cela parait en conséquence bien sage, à l’image d’une chronologie respectée mais qui n’apporte au final pas grand chose: les trois voyages se distinguent d’ailleurs à peine les uns des autres.

Reste quelques belles scènes: celle d’un fils qui réconforte un père dont l’espoir s’est éteint, celle d’une femme qui refuse de croire en la mort de son mari, et celle mystique, d’un explorateur faisant le constat de la vanité de sa quête d’absolu, et se résignant à ce qu’elle reste inassouvie.