Dur d'être objectif quand il s'agit de décrypter un film qui a marqué son enfance, un film que l'on connait tellement par coeur qu'il devient impossible de prendre du recul pour l'analyser. Ma note baisse déjà d'un cran par rapport aux bribes de souvenirs qu'il m'en restait, et très honnêtement je pense même que cette note pourrait être plus basse si la nostalgie ne me braquait pas un revolver sur la tempe.


Il faut quand même bien se figurer le fantasme que représentait The Mask pour tous les gosses de ma génération : un esprit cartoon déjanté qui vient s'immiscer dans le réel grâce à des effets spéciaux vendus comme novateurs dans les JT de PPDA et Bruno Masure, un acteur inconnu certes mais qui balance une grimace à la seconde en n'oubliant pas à l'occasion de caser un petit pet ou un rot de ci de là, des punchlines idéales pour être reprises en cour de récré, le tout dans une métropole à l'esthétique art déco qui nous faisait déjà tant baver dans la série animée Batman de Bruce Timm.


Bon, force est de constater que le film n'a plus vraiment le même charme aujourd'hui, pourtant il garde intacte une certaine force comique. L'hommage à Tex Avery conserve toute sa pertinence, servie par l'extraordinaire débrouille visuelle d'ILM, dont les effets spéciaux n'ont pas si mal vieilli. On ne rit peut-être pas forcément aux mêmes moments, et certains détails que je trouvais autrefois insignifiants me plaisent désormais davantage, à l'image de la scène chez le psychologue qui introduit un peu de pince-sans-rire dans ce monde d'excès.


Même à l'heure actuelle, The Mask peut sans rougir se positionner dans le haut du panier du vrai divertissement familial, avec un scénario qui n'arnaque personne et possède réellement de quoi contenter autant les petiots que ceux qui doivent les supporter. Bercé d'une douce folie, traversé d'une ch'tite dose de noirceur, rythmé en diable sans attenter à la santé des épileptiques, il nous a aussi révélé l'existence de deux futures stars, Jim Carrey et Cameron Diaz.


Le premier a souvent retrouvé le même rôle de loser-avec-un-boulot-de-capitaliste-qui-se-fait-martyriser-par-ses-collègues-et-ses-voisins dans des films qui n'arrivent pas à la voûte plantaire de The Mask (Menteur menteur, Yes man, Bruce tout puissant et j'en passe). Quant à la seconde, malgré ce rôle ingrat de femme-objet, le film aura eu le mérite de lui mettre le pied à l'étrier et de révéler au public son extraordinaire c...harisme, alors qu'elle-même ne souhaitait pas faire carrière dans le cinéma.


Enfin, juste pour la petite info qui ne sert à rien, Chuck Russell, qui n'est décidément pas un réalisateur dégueu, nous est revenu cette année, 14 ans après son dernier film, par la grâce d'un navet sorti directement en vidéo. Nous ne sommes que des ingrats.

magyalmar
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le 11 sept. 2016

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magyalmar

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