Les couleurs flatteuses, les séquences en apesanteur, les expressions formelles, la violence (plus ou moins) contenue : tout tend à nous rappeler qu'on est ici chez Nicolas Winding Refn. Le milieu de la mode tel que portraituré par le cinéaste danois paraît impitoyable, aigre, cannibale – au sens propre comme au figuré.


The Neon Demon commence presque normalement, avec son lot de plans contemplatifs parfaitement composés, puis dérive lentement vers tout ce que le mannequinat compte de jalousie, de suffisance et de perdition.


Très vite, les souffrances propres au milieu – chirurgie esthétique, désir de jeunesse éternelle, pression dévorante, pouvoir de nuisance du regard d'autrui – se trouvent immanquablement immortalisées à travers plusieurs séquences mémorables, mais dont l'utilité peut parfois prêter à discussion : acte de nécrophilie lesbien, cannibalisme, tentative de viol...


Si la critique sociétale porte et fait parfaitement sens, corroborée par la langueur d'une ville déshumanisée, on peut néanmoins reprocher à Nicolas Winding Refn de succomber à la surenchère et au grotesque, jusqu'à y patauger au terme d'un épilogue décevant.


Une critique qui n'enlève cependant rien à la qualité plastique de The Neon Demon, à ses dialogues souvent percutants et cruels, ni à la justesse du jeu d'Elle Fanning, tour à tour gamine dévoyée et femme déterminée, ange de candeur et démon de vanité.

Cultural_Mind
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le 20 mars 2017

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Cultural Mind

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