La Féline

Ca faisait un moment que je n'avais pas vu un film qui se rapprochait tant de la perfection technique. Toute l'esthétique du film est éblouissante, et le travail sonore est grandiose. Alors, c'est de l'esthétique pure : froide, désintéressée dans l'intention. Mais tout est si rigoureux, si millimétré, que jamais le regard ne se détourne de l'image, que jamais ne survient l'ennui. Contrairement aux dernières productions du cinéaste, je ne pense pas que l'on puisse l'accuser de réaliser là un long clip arty, car l'arty est ici au cœur même du propos. S'il n'était pas présent, Refn serait sans doute passer à côté du sujet. Car si le film n'est qu'une histoire d'esthétique, je ne crois pas qu'il manque d'exercice théorique, de réflexion sur ce qu'il montre. Mais c'est de l'art pour l'art, et rien n'est dit, et tant mieux.

Pour autant, je ne le considère pas comme un coup de génie, car il est peut-être trop référencé : Claire Denis (pour la thématique), Kubrick, Argento, Tourneur/Schrader (la Féline dans la chambre... "Je suis dangereuse"), voire De Palma... Les références sont très appuyées, et Refn ne s'en détache parfois pas totalement.

Mais malgré ce manque d'indépendance, le film entretient quelque chose qui lui est propre : Elle Fanning est le fruit d'une telle fascination cinématographique, entretient un tel rapport, unique avec celui qui la filme - et l'ambiance étant si hallucinante... Ce n'est pas génial, mais c'est indéniablement excellent.