Face à ce film, long de 2h20, se pose presque un problème de morale ; à savoir une histoire qui parle quasiment d'une hérédité dans le crime ?
L'histoire, qui porte sur plusieurs années (une quinzaine), est celle d'un cascadeur (Ryan Gosling) qui, parce qu'il a couché un soir avec la fille du coin (Eva Mendes), et qui est devenu père à cet occasion, veut prendre ses responsabilités et s'occuper de son enfant. Problème, il n'a pas de revenus, et doit donc braquer des banques pour donner de l'argent à ce bébé.


Tout ceci est la première partie du film, qui porte ensuite sur un autre personnage, interprété par Bradley Cooper, et sur le fils de Ryan Gosling, que joue Dane DeHaan.
Le film parle avant tout de la responsabilité ; celle de Gosling envers son enfant, celle de Cooper par rapport à un geste qui va le consacrer mais aussi le mettre dans un profond malaise, et celle de DeHaan par rapport à son père. Le passé finit toujours par nous rattraper... et finit par être un éternel recommencement, ce que semble montrer cette deuxième partie où le fils a l'air de suivre les traces de son père, ce que je trouve moralement contestable.


Mais ça ne m'empêche pas de trouver le film très intéressant, notamment pour la cassure entre les deux parties, pour la représentation presque angélique de Ryan Gosling, tatoué de partout, et avec sa blondeur, qui sait qu'il fait une connerie, mais qui n'a pas le choix, et doit assumer ses responsabilités.
Quant à Bradley Cooper, qui intervient assez tardivement dans le film, c'est le personnage le plus intéressant ; je ne veux pas trop en dire sur lui, d'autant plus que c'est son geste qui fait basculer l'histoire vers quelque chose de plus intime, de l'ordre de l'introspection. Mais il est formidable, n'en faisant pas trop, restant droit dans ses bottes, et qui va gravir les échelons de la société tout en gardant en mémoire ce qu'il a fait.
Outre la responsabilité, le film parle énormément de la paternité, celle biologique, et celle qu'on se choisit, à savoir le compagnon, noir, d'Eva Mendès qui s'occupera du fils de Gosling comme si c'était le sien.


Je suis particulièrement sensible à l'aspect saga d'un film, et là, je fus servi ; 2h20 d'une histoire où un acte, un geste va faire basculer l'histoire vers quelque chose de plus sombre. Et la réalisation de Derek Cianfrance n'est pas en reste, même s'il abuse beaucoup de la caméra à l'épaule, avec de longs plans-séquences sur les fuites de Gosling chevauchant sa moto pour fuir les policiers.

Boubakar
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le 4 févr. 2017

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Boubakar

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